Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (4) La critique de l’islam

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  • La liberté d’expression : un droit fondamental

La liberté d’expression est un des droits les plus fondamentaux de la personne humaine, mais il faut reconnaître que celui-ci est de plus en plus mis à mal en France par des lois scélérates qui prétendent imposer sur certains sujets la « bonne façon » de penser. C’est le propre de l’arrogance française, particulièrement développée au sein de l’« intelligentsia », ensemble des « intellectuels » qui se sentent investis d’une « mission » pour assurer le progrès de l’humanité. Penser peut aujourd’hui en France vous conduire en prison…

Or s’il est un domaine où la liberté doit être totale, c’est bien celle de la liberté de critiquer les religions. L’empêcher reviendrait à limiter l’homme dans la conception même qu’il peut se faire du sens de son existence.

Oui, on peut trouver que telle ou telle religion ou spiritualité – ou personnage de l’histoire religieuse – est totalement absurde ou grotesque. Oui, on peut trouver ridicule de penser qu’il soit possible de marcher sur l’eau ou qu’un cheval ailé ait réellement transporté son cavalier dans un voyage nocturne fabuleux jusqu’au ciel.

Au-delà de ce merveilleux dont les hommes ont souvent besoin, il est normal que la critique sans concession soit de la partie puisque les religions et spiritualités sont elles-mêmes incompatibles entre elles sur de nombreux points. Or il ne peut y avoir qu’une vérité.

  • Critique de l’islam et droit laïc : un constat à contrecœur de Tareq Oubrou

Si la liberté de critiquer l’islam n’existe guère dans les pays musulmans, cette liberté subsiste encore heureusement en France. Tareq Oubrou le reconnaît mais on sent bien à la lecture de son texte qu’il s’en désole lorsqu’il écrit : « Le droit positif laïque le permet. Il est possible de critiquer et même de ridiculiser une religion et, indirectement, ses adeptes. Il n’en reste pas moins vrai que (…) »

  • Comment justifier la censure : le spectre du nouvel antisémitisme

Face à ce constat fait à contrecœur sur lequel il ne peut pas en droit encore grand-chose aujourd’hui en France, Tareq Oubrou tente néanmoins de justifier la censure (ou l’auto-censure) de la liberté d’expression qu’il souhaite par la culpabilisation et l’accusation de racisme anti-musulman, eldorado de ce nouvel antisémitisme. En effet, la suite de la phrase citée ci-dessus est : « (…) en critiquant l’islam ou même l’islamisme, c’est toujours à l’Arabe que l’on pense, consciemment ou inconsciemment. C’est un racisme qui s’ignore ou qui ne dit pas son nom. »

À vrai dire, ce propos est assez détestable. C’est une approche perverse et qui veut convaincre par un raisonnement faux.

D’abord, critiquer l’islam n’est pas critiquer l’Arabe puisqu’il y a des Arabes qui ne sont pas musulmans et qu’une grande partie des musulmans sont asiatiques. Mais on peut comprendre que le tropisme moyen-oriental et surtout maghrébin de Tareq Oubrou le conduise à focaliser le sujet sur ce périmètre (au-delà de la question ethnique de l’arabité, sujet complexe).

Ensuite, l’idée que même sans en être conscient, la critique de l’islam se résume toujours à une racine qui serait le racisme, est un pur procès d’intention. Il n’est guère besoin d’épiloguer, tellement il est odieux, sur ce point de vue qui rappelle furieusement les écrits et propos d’Edwy Plenel, Fouquier-Tinville moderne du journalisme bien-pensant. Rappelons seulement à ce sujet les critiques virulentes de l’islam formulées par Malek Chebel (Manifeste pour un islam des lumières), Abdennour Bidar (Lettre ouverte au monde musulman), Tariq Ramadan (La réforme radicale), personnalités qu’on peut difficilement accuser de racisme anti-Arabes.

Enfin, dire à quelqu’un qu’il est dans l’égarement le plus complet ou développe des idées grotesques ne signifie pas contester sa dignité de personne humaine : ce sous-entendu est absolument ridicule. À cette aune, il ne faudrait jamais tenter de démontrer à quiconque qu’il a tort et donc la dispute ne serait pas possible !

  • Conclusion

Tareq Oubrou verse dans la pente facile mais terriblement nauséabonde de la stigmatisation, pourtant dénoncée maintes fois par les islamologues musulmans un peu plus éclairés, jusqu’à Tariq Ramadan. C’est le propre des personnes marquées par une affectivité à fleur de peau et qu’elles ont bien du mal à maîtriser.

Tareq Oubrou semble avoir les plus grandes difficultés à défendre l’islam par la seule voie de sa raison et supporte en conséquence très mal les critiques adressées à sa religion. Il ne peut absolument pas concevoir que, par empathie humaine et par conviction de la fausseté de la doctrine musulmane, certains cherchent à sortir les musulmans de l’égarement où ils se trouvent et considèrent que combattre l’islam, c’est faire œuvre humanitaire.

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (3) L’islam n’est pas prosélyte

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  • Un prosélytisme inquiétant s’est installé en France

L’installation de l’islam en France conduit manifestement au développement d’un communautarisme qui tend à s’étendre sous l’action d’un prosélytisme plus ou moins actif : remplacement organisé d’anciens commerces par des commerces musulmans dans certains quartiers, pression vestimentaire et comportementale – surtout à l’égard des femmes –, restriction de la liberté de parole en matière de critique des religions et surtout de l’islam dans les médias, comportement ostensiblement religieux dans l’espace public, revendications religieuses de plus en plus pressantes dans l’espace privé (notamment en entreprises), etc.

Ce prosélytisme conduit de fait la France dans une libanisation progressive du territoire et constitue naturellement un facteur fort d’inquiétude de la population de souche. Face à ce constat, Tareq Oubrou cherche à rassurer  en tentant de convaincre du caractère inoffensif de l’islam en matière de prosélytisme religieux : voyons comment.

  • Le prosélytisme : ce que disent les textes sacrés

Rappelons d’abord que les textes sacrés de l’islam sont clairs sur la nécessité du prosélytisme. Quelques extraits parmi d’autres :

Sourate 2, verset 193. Combattez-les [les mécréants] jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition et que la religion soit entièrement à Allah seul (…)

Sourate 8, verset 39. Combattez les infidèles jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus de tentation d’abjurer et que la religion soit entièrement à Allah. S’ils cessent le combat [pour être pardonnés], qu’ils sachent qu’Allah voit parfaitement ce qu’ils font.

Hadith (Bukhari, Muslim) : D’après Abdallah Ibn Umar, l’Envoyé de Dieu a dit : « J’ai reçu l’ordre de combattre les mécréants sans relâche jusqu’à ce qu’ils professent qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah et que Muhammad est l’Envoyé d’Allah, qu’ils accomplissent la prière et qu’ils s’acquittent de l’aumône légale. S’ils le font, leurs vies et leurs biens seront respectés, sauf quand l’islam permettra d’y porter atteinte. Pour le reste, ils ne devront de comptes qu’à Dieu ».

Notons à cet égard que le prosélytisme est logique. Ainsi, les chrétiens sont en principe prosélytes puisqu’ils sont chargés de répandre la « bonne nouvelle » du Christ. Le problème, dans le cas de l’islam, est la façon dont ce prosélytisme s’autorise – de différentes façons  – à « imposer » l’islam à la société française.

  • L’argument « surprenant » du contact avec le Prophète

    Face à ces textes tout à fait clairs, incontournables et incontestés dans le monde musulman, Tareq Oubrou développe une théorie pour le moins surprenante qui semble limiter à Mahomet l’obligation de transmettre le message de l’islam. Il écrit en effet : « Rappelons que, selon la dogmatique musulmane classique et orthodoxe, notamment sunnite, seul un messager ou envoyé a l’obligation canonique de transmettre la révélation. C’est le cas de Moïse, de Jésus, de Mahomet,.. Le simple prophète (nabî), lui, reçoit la révélation, mais n’a pas l’obligation de la transmettre, à l’instar de Marie, mère de Jésus, prophétesse, mais non missionnée. Puisque le simple musulman n’est même pas un simple prophète, il n’est en aucune manière obligé de transmettre la religion aux non-musulmans. »

    Il serait vraiment intéressant de savoir sur quels textes se fonde Tareq Oubrou pour tenir ce raisonnement qui me semble aller à l’encontre de toute la philosophie et de toute la pratique de l’islam ; malheureusement, il ne l’indique pas dans son livre.

  • Le concept audacieux de « mécréance »

    Mais Tareq Oubrou ne s’arrête pas là. Pour lui, la véritable incrédulité (justifiant l’utilisation du terme de « kafîr » ou mécréant, avec ses conséquences en terme de châtiment terrestre ou céleste) se réduit finalement à la seule période mahométane car liée à la possibilité d’un contact direct avec Mahomet. Il écrit : « Pourtant, selon le Coran, le salut est lié au libre choix de la personne de suivre ou non le Prophète. N’est responsable d’un tel choix que celui qui a rencontré le Prophète missionné, a vu les signes et les miracles qu’il a accomplis, et a reçu son message de manière claire. (…) De ce point de vue, seule une personne qui a connu un prophète-messager (« rasûl ») et a refusé de croire en lui en connaissance de cause peut être qualifiée de « kâfir ». Par conséquent, cette notion, dans son sens négatif, est restreinte au seul moment coranique. (…) En dehors de ce champ, la personne qui n’accède pas à la vérité du Coran n’est pas responsable ; elle ne peut donc pas être qualifiée de « kâfir ». »

    Là encore, on aimerait savoir sur quels versets se fonde Tareq Oubrou pour déresponsabiliser le mécréant car on a bien du mal à les trouver ; malheureusement, il ne l’indique pas.

  • Conclusion

    Les raisonnements de Tareq Oubrou laissent à vrai dire pantois tant ils sont « surprenants », pour ne pas dire ahurissants. Tareq Oubrou ne donnant pas ses sources, on ne peut malheureusement pas essayer de retrouver le chemin qui l’a conduit à de telles affirmations ; c’est bien dommage. Tout cela me semble en contradiction complète avec la lettre et l’esprit des textes sacrés de l’islam.

    Si un lecteur de ce site dispose d’informations à ce sujet, je veux bien qu’il éclaire ma lanterne.

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (2) La liberté de conscience en islam : « Celui qui abandonne l’islam, qu’on le tue » (commandement de Mahomet)

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Nous avons vu dans l’article précédent de la série (http://islametoccident.fr/?p=3086) que l’islam a un sérieux problème avec la liberté religieuse et la liberté de conscience. L’origine en est très simple.

  • Le commandement de Mahomet

L’origine du problème est en effet connue : Mahomet, apôtre de la religion d’amour et de paix au dire de ses partisans d’aujourd’hui, n’a pourtant pas hésité à ordonner l’assassinat des musulmans qui quitteraient l’islam, c’est-à-dire apostasieraient. Si le Coran ne précise pas le châtiment applicable en cas d’apostasie, laissant simplement entendre qu’il est terrible, Mahomet s’est donné la peine de la préciser : la mort.

Les hadiths de Mahomet à ce sujet (notamment dans les recueils de Bukhari et Muslim) sont parfaitement clairs (cf. http://islametoccident.fr/?page_id=1786) et sont qualifiés d’« authentiques » (sahih) selon la gradation d’authenticité fixée en islam concernant la chaîne des transmetteurs (isnad) de la parole de Mahomet : ils sont donc incontestés dans le monde musulman. Néanmoins, il faut reconnaître que tous les pays musulmans ne poussent pas l’orthodoxie doctrinale jusqu’à appliquer méthodiquement et strictement aujourd’hui le commandement de Mahomet (les musulmans ont aussi leurs jésuites).

Cela étant, de façon générale, la situation des apostats est suffisamment dramatique en islam pour que l’Institut du Monde Arabe ait organisé en novembre 2015 une conférence/débat dont le titre était : « Quelle place dans la religion musulmane pour une véritable liberté personnelle, de conscience et de choix ? »

Ce commandement de Mahomet étant une preuve évidente de l’incompatibilité de l’islam avec les valeurs occidentales, il est donc intéressant d’analyser les arguments présentés par Tareq Oubrou pour tenter de sortir l’islam de cette impasse vis-à-vis de l’Occident.

  • L’argument du pacte

Tareq Oubrou écrit : « Comment prendre cette injonction [Celui qui change sa religion, tuez-le] à la lettre, alors même que le Prophète s’était engagé, par un pacte signé avec La Mecque, alors païenne, à laisser partir dans cette ville les musulmans qui désiraient quitter Médine et redevenir idolâtres ? Un engagement qu’il a respecté. (Bukhari n°2731/2732) »

Cet argument n’est pas très compréhensible ni surtout précisément documenté. De quoi s’agit-il ?

Un an après la bataille dite « du fossé » où les Mecquois avaient assiégé Mahomet et ses partisans à Médine – il ne s’était en réalité quasiment rien passé et les Mecquois étaient repartis au bout de quelques semaines –, soit en mars 628, Mahomet conclut, à la grande surprise de ses partisans, une trêve (dite de « Hudaybiyya ») avec les Mecquois qui devait permettre aux musulmans de se rendre à La Mecque pour y faire les ambulations circulaires rituelles autour de la Ka’ba à l’occasion du pèlerinage. Mahomet ne se sentait vraisemblablement pas encore assez fort à cette époque pour prendre La Mecque de force.

La Sîra relate qu’une des clauses imposées par les Mecquois à Mahomet pour autoriser les musulmans à venir en sécurité prier à La Mecque visait naturellement à éviter que son armée ne se renforçât de nouvelles recrues, en l’occurrence des Mecquois (déjà musulmans ou non). Aussi, Mahomet prit l’engagement de renvoyer aux Mecquois tout Mecquois qui essaierait de le rejoindre hors de La Mecque, l’inverse n’étant pas vrai, c’est-à-dire que toute personne du clan de Mahomet rejoignant les Mecquois n’était pas renvoyée à Mahomet, ce qui pouvait constituer une incitation claire à abandonner Mahomet. Ces clauses du pacte furent acceptées par Mahomet, qui les appliqua comme il était de règle et conformément à l’honneur pour tout pacte signé entre tribus (un exemple bien connu est celui du Mecquois Abû Basîr qui rejoignit Mahomet mais fut renvoyé). Cette trêve fut vivement contestée dans les rangs des musulmans qui considéraient qu’elle humiliait la vraie religion, l’islam. L’autorité temporelle de Mahomet fut contestée mais celui-ci tint bon.

On voit donc que le pacte signé avec les Mecquois était tout à fait circonstanciel, afin de permettre aux musulmans d’aller prier à Ka’ba, et surtout n’a aucun lien avec la question de l’application ou non de la peine de mort pour apostasie. Il s’agissait seulement de clauses de renvoi de personnes ralliant le clan opposé. Or ces personnes ne prévenaient bien entendu pas à l’avance leur propre clan de leur futur ralliement au clan ennemi. La question de l’application de la peine de mort à l’apostat voulant quitter le clan musulman pour rallier celui des Mecquois ne se posait donc pas. Cet argument du pacte n’a donc pas de sens.

  • L’argument du non-exercice

Selon Tareq Oubrou : « Il est formellement établi qu’aucun texte authentique ne stipule que le Prophète aurait concrètement mis à exécution cette peine [peine de mort pour l’apostasie]. »

Pourquoi cet argument n’est-il pas pertinent ?

1) Il est irrecevable parce qu’il est impossible de démontrer que Mahomet ne l’a jamais mis à exécution, même si ce fut peut-être le cas. On peut démontrer que quelqu’un a fait quelque chose mais pas qu’il ne l’a jamais fait, sauf à avoir des témoins en permanence présents à tout instant du jour et de la nuit. En outre, cela a pu arriver sans ce que fait ait été mentionné par les témoins.

2) De toute façon, il est logiquement aberrant : si l’objectif était de ne jamais mettre à mort un apostat, pourquoi alors avoir édicté la règle inverse ? Il aurait fallu au contraire confirmer l’absence de châtiment. Cela n’a vraiment aucun sens.

  • L’argument de la fiabilité du hadith

Contrairement à ce qu’écrit Tareq Oubrou, il n’y pas de contradiction dans les textes sacrés musulmans concernant la question la punition de l’apostasie : « Comme sur beaucoup de sujets dans l’islam, nous sommes en présence de textes qui paraissent contradictoires. Certains garantissent la liberté religieuse, mais d’autres viennent les heurter de plein fouet, telle cette parole du Prophète : « Celui qui change sa religion, tuez-le » (Bukhari n°3017). »

En effet, comme on l’a vu dans le précédent article (http://islametoccident.fr/?p=3086), la diversité religieuse est un fait terrestre, ce n’est pas un objectif divin. C’est au contraire une occasion d’éprouver les hommes pour les juger, et si nécessaire de les punir ici-bas en exemple pour les autres hommes.

Aussi, en l’absence d’argument rationnellement recevable, Tareq Oubrou se risque aller jusqu’à remettre en cause la fiabilité des hadiths (il y en a plusieurs concernant l’apostasie) pour arriver tout simplement au but qu’il veut atteindre. Il est assez inédit qu’un simple imam d’une ville de province en France aille jusqu’à contester la Sunna (tradition musulmane), y compris les recueils de hadiths considérés en islam comme les plus fiables par les plus grands érudits, celui de Bukhari en faisant partie (comme celui de Muslim).

Il écrit ainsi : « Or ce hadith – et il en va ainsi de tous les hadiths – n’est qu’un fragment isolé de son contexte. Celui qui le rapporte, Ibn Abbâs, livre davantage ce qu’il a compris que ce qu’il a entendu – il ne dit d’ailleurs pas l’avoir entendu dans ces termes complets et exacts de la bouche du Prophète, puisqu’il n’utilise pas la formule explicite « sami’tu » (Qu’un compagnon dise : « Le Prophète a dit… » ne signifie pas qu’il a entendu le hadith directement de la bouche de ce dernier tant qu’il n’utilise pas l’expression explicite : « J’ai entendu (« sami’tu) le Prophète dire… » (…) Ce type de hadith constitue plausiblement un simple fragment tiré d’un hadith plus long qui indique les circonstances de son énoncé. Il arrive souvent que les narrateurs ne retiennent qu’une partie du discours, d’où la nécessité d’un travail de montage scripturaire. »

Or ce travail scripturaire a justement été fait, par Bukhari et Muslim notamment. Par ce commentaire, Tareq Oubrou a l’audace assez incroyable de venir, sur la base d’un simple argument de « plausibilité » (il n’a lui-même aucune certitude…), ébranler par un simple trait de plume les fondements d’une bonne partie de la Sunna du Prophète car finalement, à cette aune, on ne sait plus très bien quelle chaîne de transmission et quels hadiths trouvent grâce à ses yeux. Cela doit faire frémir les institutions largement plus légitimes comme Al-Azhar.

  • L’argument de la légitime défense

À défaut de pouvoir trouver un défaut certain dans la cuirasse des hadiths, reste le sempiternel argument de la légitime défense qui, lui aussi, ne tient pas debout. Tareq Oubrou écrit en effet : « Pour demeurer fidèle à l’esprit et à la cohérence du Coran, cette violence contre l’apostasie doit être comprise dans le sens d’une légitime défense face à une apostasie qui s’accompagne d’une insurrection armée. Ainsi, l’injonction « tuez-le » (« uqtulûb ») signifierait ici « combattez-le » (« qâtilûb »), comme il est parfois d’usage en arabe. »

On voit ici déjà que Tareq Oubrou n’écarte plus la réalité du prononcé du commandement de peine de mort par Mahomet. Cette recherche de « cohérence » vaut en réalité reconnaissance du caractère clair et incontournable du commandement.

Ensuite, pourquoi associer l’apostasie à l’insurrection armée ? Mahomet n’a mis aucune condition, comme une insurrection armée, à l’application de la peine de mort pour apostasie. Il pouvait tout à fait accepter l’apostasie tout en punissant par ailleurs de mort l’insurrection armée. Le problème sans doute est que le simple fait de résister spirituellement à l’islam, c’est-à-dire de refuser de se convertir à l’islam, est déjà considéré par l’islam comme une déclaration d’hostilité et un combat, qui justifie d’ailleurs pleinement l’alternative offerte aux non-musulmans (hors juifs et chrétiens qui suivent un statut spécifique) : la conversion ou la mort.

  • Conclusion

Tareq Oubrou empile les arguments fallacieux, contradictoires les uns avec les autres (certains étant fondés sur des hypothèses qui sapent le fondement des autres arguments). Si un seul des ces arguments était réellement valable, les autres ne seraient plus nécessaires.

Il n’y a aucun moyen de sortir de cette impasse doctrinale liée à un commandement parfaitement clair et explicite, sauf à remettre en cause totalement l’exemplarité de Mahomet et la nécessité de suivre ses commandements, ce que Tareq Oubrou ne peut évidemment pas faire.

La doctrine est claire (même si des pays musulmans trouvent des accommodements pour éviter si possible la peine capitale, surtout sous le regard des occidentaux) et tous les apostats qui fuient notamment le Moyen-Orient en savent quelque chose !

Malek Chebel : la mort d’une voix modérée mais utopiste ?

Malek Chebel, mort le 12 novembre 2016, faisait partie des islamologues ayant pignon sur rue en France. Même si, comme pour tous les islamologues musulmans et imams, son opinion n’engageait que lui-même (puisqu’il n’était investi d’aucune autorité légitime doctrinale particulière), il avait la qualité d’être un interlocuteur assez raisonnable avec qui il était possible de dialoguer sur le sujet de l’islam. Si l’islam véritable avait correspondu à sa conception personnelle de l’islam, nul doute que la problématique de l’intégration de l’islam en France se serait posée de façon tout à fait différente.

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Son esprit critique courageux vis-à-vis de sa propre religion en faisait une personnalité inhabituelle au sein du monde musulman. Le regard critique qu’il portait sur l’islam lui aurait valu sans aucun doute l’appellation d’« islamophobe » de la part de la part de nos journalistes, hommes des medias ou « défenseurs » des droits de l’homme, s’il n’avait été lui-même de culture musulmane. Pour en juger, il est intéressant de relire ses écrits. En voici quelques extraits : malek-chebel .

Face à de telles critiques, on peut s’interroger sur ce qui attirait Malek Chebel dans la religion musulmane, d’autant que l’islam ne semble avoir apporté aucun concept nouveau depuis le bouddhisme, le judaïsme et le christianisme, et n’a guère révolutionné la vision juive du monde monothéiste comme a pu le faire le christianisme. Cet attachement viscéral à l’islam relevait en réalité de la question identitaire qui touche aux racines culturelles les plus profondes. On peut en dire à peu près autant d’Abdennour Bidar, critique virulent (à contrecœur) de l’islam mais pourtant musulman.

Au-delà des critiques, Malek Chebel conservait néanmoins une vision volontairement optimiste de l’évolution possible de l’islam dans le contexte occidental, vision associée néanmoins à un grand danger : laisser penser que le vrai islam n’est pas celui de Mahomet, qui serait un islam historique et régional. Or la lecture de l’ensemble des textes sacrés de l’islam montre que la doctrine musulmane est tout à fait cohérente au-delà de l’apparente anarchie des textes : absence de liberté religieuse, infériorité de la femme, jihad, rejet du concept de laïcité, etc. ; autant de principes qui ne sont pas les reliquats d’une histoire passée et qui vivent encore vigoureusement dans le monde musulman d’aujourd’hui, avec des nuances il est vrai selon les pays.

Malheureusement, Malek Chebel ne citait qu’avec une grande économie les textes sacrés de l’islam pour fonder son discours et ses opinions, ce qui était assez regrettable. C’est bien d’ailleurs ce que reprochent les mouvements fondamentalistes comme l’État Islamique : les musulmans ne connaissent pas leurs textes sacrés et subissent l’influence des « imams qui égarent » et qui fondent leur discours sur la projection personnelle de leurs souhaits et non sur la réalité des textes.

On ne peut que trouver positif que Malek Chebel ait souhaité le développement d’un islam modéré mais ce souhait, jusque-ici guère couronné de succès, ne doit pas faire oublier la réalité de l’islam de Mahomet. Or pour instaurer un vrai islam modéré compatible avec les valeurs occidentales, il faut en passer par une revue critique profonde de l’islam de Mahomet et, pour tout dire, par l’abandon de Mahomet comme modèle exemplaire et par une désacralisation du Coran, ce qui me paraît totalement utopiste, car l’islam s’effondrerait alors sur lui-même.

Présenter un tel projet comme possible fait de l’islam « modéré » en réalité l’ennemi principal à long terme de l’Occident, et non les mouvements fondamentalistes qui pratiquent le jihad et donc naturellement le terrorisme (car les raisons de lutter sont alors évidentes). En effet, les représentants de l’islam « modéré » accaparent dans les médias le droit de critiquer l’islam, mais de façon finalement assez superficielle et sans vraie remise en cause de cette idéologie religieuse. Ils reçoivent l’aide des médias français qui leur donnent la parole régulièrement sans offrir, et de loin – et sans que cela chatouille la conscience des institutions chargées de surveiller le monde médiatique –, la même possibilité d’expression à ceux qui les contestent et les interpellent (hormis quelques personnes, que l’on peut compter sur les doigts d’une main, ayant déjà une notoriété bien établie et qu’il est difficile de faire taire publiquement) : ce qui s’appelle la censure. Ainsi, les problématiques sont souvent présentées de façon édulcorée, et cette critique « gentillette » sert au fond d’alibi à l’immobilisme d’une énorme majorité silencieuse qui cautionne en réalité au bout du compte l’application des principes musulmans contre les principes de la République et, à terme, l’application de la chari’a.

Il est donc urgent de former tous les Français à la réalité des textes sacrés de l’islam pour mettre fin à cette manipulation, condition sine qua non du dévoilement de la vérité, de la sortie de l’endoctrinement médiatique actuel, et de l’ouverture d’un vrai questionnement sur la question de la compatibilité de l’islam avec l’Occident.

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (1) La liberté religieuse en islam : l’argument fallacieux de la diversité du monde

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  • Problématique

Il est de notoriété publique que la reconnaissance de la liberté religieuse (ou de conscience), c’est-à-dire la liberté pour tout individu de choisir sa religion et d’en changer sans subir à ce titre aucune sanction, pose d’énormes problèmes en islam, y compris aux musulmans « modérés » vivant dans les pays occidentaux. L’apostasie, c’est-à-dire le fait de quitter l’islam, est punie dans les pays musulmans (jusqu’à la mort parfois) et fait l’objet, chez les musulmans occidentaux, d’une réprobation évidente, souvent accompagnée de représailles sociales ou de menaces physiques (quand elle n’est pas accompagnée d’actes de violence réels).

Le Conseil Français du Culte Musulman, présenté par nos politiques comme l’organisation centrale de dialogue avec l’islam de France refuse d’ailleurs encore aujourd’hui d’inscrire dans les droits fondamentaux du musulman celui de pouvoir quitter l’islam (cf. http://islametoccident.fr/?p=1023).

La situation est suffisamment dramatique pour que l’Institut du Monde Arabe ait même organisé en novembre 2015 une conférence/débat dont le titre était : « Quelle place dans la religion musulmane pour une véritable liberté personnelle, de conscience et de choix ? » C’est dire !

Tareq Oubrou confirme d’ailleurs ce diagnostic : « Dans l’esprit de l’immense majorité des musulmans, l’incroyance est un délit, et tout non-musulman mérité la malédiction et la sanction eschatologique, la Géhenne. Cette croyance est à l’origine d’une rupture mentale grave entre les musulmans et les non-musulmans. » Et on imagine bien l’abîme qui s’ouvre alors en France avec la conception laïque de la société, créant un véritable conflit de culture et de civilisation.

  • La diversité du monde comme argument pour la tolérance

Pour combattre l’intolérance musulmane, Tareq Oubrou utilise l’argument de la diversité du monde, dont il prend acte, et qu’il attribue nécessairement de son point de vue à une volonté divine : « L’univers des croyances est à l’image de celui des hommes : il est multiple. Cette pluralité est exprimée à plusieurs reprises dans le Coran comme une volonté inéluctable de Dieu : « Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté (sourate 16, verset 93) » ; « Et si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait d’eux une seule communauté (sourate 42, verset 8) » ; « Si ton Seigneur l’avait voulu, Il aurait rassemblé tous les hommes en une seule communauté. Or ils ne cesseront d’être en désaccord (sourate 11, verset 118) ». »

Et il en déduit une affirmation en réalité indémontrable : « Si l’on entend bien ces passages, cette diversité est non seulement un fait historique, mais un vouloir divin, à respecter en tant que croyant musulman. Il ne s’agit même plus là d’une question de tolérance. », qu’il exprime également en écrivant : « Si la diversité religieuse procède d’une volonté de Dieu, alors le projet de convertir toute l’humanité s’annule de lui-même. Non seulement c’est une mission impossible, mais ce serait insensé, pour ne pas dire une folie. »

En effet, la diversité du monde religieux n’est pas en soi une preuve que Dieu souhaite qu’il en soit à jamais ainsi. Au contraire, et c’est même beaucoup plus logique – pour autant que Dieu existe –, on peut tout à fait défendre l’idée selon laquelle cette diversité est le moyen pour Dieu d’éprouver la foi des hommes : des croyants dans leur volonté d’étendre le royaume de Dieu sur terre ; des non-musulmans à qui la connaissance du message de Mahomet est apportée et qui choisissent ou non de rester dans l’égarement, justifiant alors de ce fait leur punition (ou non) ici-bas ou dans l’au-delà. Car il faut rappeler qu’avant de tuer les non-musulmans dans le cadre du jihad, les musulmans doivent toujours leur offrir le choix de la conversion : s’ils se convertissent à l’islam (avant de devenir prisonniers – ceci pour éviter les fausses conversions destinées uniquement à échapper à la mort –), ils sont épargnés.

  • La foi ne peut pas être imposée mais l’incroyance peut, elle, être sanctionnée ici-bas

Tareq Oubrou écrit : « Mahomet est le premier à le savoir : « Quels que soient tes efforts, la plupart des hommes ne croiront pas (sourate 12, verset 103) ». » En effet, c’est un simple constat qui prend acte de l’égarement volontaire des hommes justifiant leur châtiment.

Tareq Oubrou reprend d’autres versets du Coran qui disent la même chose : « La foi ne peut donc pas s’imposer : « Dis que la vérité vient de Dieu ; quiconque ne veut pas croire, qu’il ne croie pas (sourate 18, verset 29) » ; « Point de contrainte en religion. Le chemin juste s’est désormais distingué de celui de l’égarement (sourate 2, verset 256) » [sans compter que ce verset s’adressait aux juifs de Médine dans un contexte précis et qu’il a été en pratique abrogé, Mahomet les ayant pourchassé ou exterminé] ; « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient été croyants. Est-ce à toi de contraindre les hommes à croire ? (sourate 10, verset 99) ». Non seulement Mahomet n’avait pas de pouvoir coercitif en la matière, mais il était surtout conscient que la conversion est une affaire intime et personnelle, et que la clé des cœurs se trouve dans la main de Dieu : « Tu ne guides pas ceux que tu aimes. C’est Dieu qui guide celui qu’Il veut (sourate 28, verset 56) », lui rappelle le Coran. »

Le rôle de messager de Mahomet consistait donc à exposer aux hommes la doctrine de l’islam pour les amener à se convertir (cette conversion devant s’accompagner, ce qui n’était pas neutre d’un point de vue politique, de l’obéissance temporelle à Mahomet). Ainsi Tareq Oubrou écrit : « La tâche de Mahomet était d’exposer la vérité, et non de l’imposer : « Il n’incombe à l’Envoyé que de transmettre (sourate 5, verset 99) ». Ce principe revient onze fois dans le Coran. (…) « Appelle [les hommes] à venir sur le chemin de ton Seigneur par la sagesse et la bonne exhortation (sourate 16, verset 125) ». »

La foi est effectivement une affaire strictement intime et personnelle : on ne peut pas forcer quelqu’un à croire. Mais s’il ne croit pas, alors il encourt le châtiment selon la volonté même de Dieu. Il suffit de lire le Coran pour égrener la liste extrêmement longue de versets consacrés au sort terrible réservé aux mécréants, à l’exhortation au jihad et à la glorification du martyr. Si vous en doutez, vous pouvez vous reporter utilement au « Livret musulman de premier secours », téléchargeable sur ce site (livret-musulman-27-juillet-2016).

  • Mahomet, le Prophète de l’amour ??

La notion d’« amour », entendu au sens chrétien ou bouddhiste (empathie, compassion, etc.), n’existe pas dans le Coran. La notion de « paix » ne s’adresse par ailleurs en réalité qu’aux musulmans qui peuvent vivre entre eux dans la « paix » de l’islam. Ce qui existe, c’est la notion de juste ou d’injuste : est juste celui qui applique les préceptes de l’islam.

Si Tareq Oubrou mène des raisonnements pour le moins contestables, il est encore plus ennuyeux de le voir travestir le sens littéral de certains hadiths à des fins de glorification de Mahomet, comme si Mahomet avait été l’apôtre d’une religion d’amour.

Ainsi, Tareq Oubrou écrit dans son livre : « Mahomet devait surtout porter de l’amour à ceux à qui il s’adressait. On rapporte que, lorsque les polythéistes le frappèrent, tout en essuyant le sang qui coulait sur son visage, il pria son Dieu : « Ô Seigneur, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas (Bukhari n°3477) ». »

Or donnons la version complète de ce hadith authentique de Bukhari dont Tareq Oubrou ne cite que la dernière phrase : « Shaqîq rapporte qu’Abadallâh Ibn Mâsud a dit : « Il me semble encore voir le Prophète racontant qu’un prophète avait été frappé par son peuple. Comme le sang coulait, ce prophète essuya le sang qui coulait sur son visage et dit : « Ô mon Dieu, pardonne à mon peuple parce qu’il ne sait pas. » »

Donc il ne s’agit pas des paroles de Mahomet mais de celles d’un prophète – en l’occurrence Jésus (considéré comme un prophète par l’islam) au moment de sa crucifixion – que Mahomet cite en référence, la version de l’évangile de Luc (23, 33-34) étant : « Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils [les Romains] l’y [Jésus] crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort. »

En d’autres termes, Tareq Oubrou fait passer les paroles du Christ pour les paroles de Mahomet ! C’est oubrouesque, surtout quand on connaît la vie de Mahomet !

En effet, la principale (si ce n’est la seule – à ma connaissance –) référence à du sang coulant sur le visage de Mahomet correspond à la bataille d’Uhud où les musulmans furent battus et où Mahomet fut à deux doigts de perdre la vie, bataille qui relevait simplement du domaine classique de la guerre entre deux clans tribaux rivaux d’Arabie. En voici le récit figurant dans la biographie (Sîra Ibn Hîcham) de Mahomet, où l’on voit au contraire que les paroles de Mahomet – pleines de reproche – sont précisément inverses à celles du Christ – pleines de miséricorde – :

« Les Quraych ne cessaient de harceler les musulmans à coup de sabre. Ils les délogèrent de leur campement, les poursuivirent et ce fut la défaite. Dans leur fuite, quelqu’un cria : « Muhammad a été tué ! » Les musulmans se retournèrent : l’ennemi les poursuivit et fit parmi eux beaucoup de victimes. Ce fut un jour d’épreuve et de malheur, où Dieu fit à un grand nombre de musulmans l’honneur du martyre. Les Quraych parvinrent enfin à atteindre le Prophète. Ils lui lancèrent des pierres en si grand nombre qu’il tomba sur le côté. Son casque de mailles fut défoncé et les anneaux lui blessèrent la lèvre, lui cassèrent deux dents et lui firent une large entaille sur la joue. Le sang coulait sur son visage. (…) Le premier qui ait reconnu le Prophète après la débâcle et la rumeur de sa mort fut Ka’b ibn Mâlik. Il racontait : j’ai vu ses yeux briller sous son casque de maille et j’ai crié : « À la bonne heure ! Musulmans, voici l’Envoyé de Dieu ! » Il me fit signe de me taire. Les musulmans accoururent, soulevèrent le Prophète et le menèrent vers le flanc d’une colline. Ali lui apporta de l’eau dans son bouclier de cuir. Le Prophète, trouvant à l’eau une mauvaise odeur, refusa d’en boire. Pour enlever le sang qui était sur son visage, le Prophète se versa de l’eau sur la tête en disant : « La colère de Dieu gronde contre ceux qui ont ensanglanté le visage de son Prophète ». » Stupéfiant, non ?

  • Conclusion

Un simple constat, la diversité religieuse du monde, ne vaut aucunement approbation, même passive ! La foi est un acte libre. Dieu (Allah) offre aux hommes le choix libre de l’islam ou de l’égarement : s’ils choisissent de s’égarer en ayant entendu le message de l’islam, ils doivent subir le châtiment dès ici-bas et, si ce n’est pas le cas, Allah s’en occupera dans l’au-delà. La liberté religieuse (ou de conscience), sous la forme du droit de changer de religion sans craindre aucun châtiment ici-bas, n’existe pas en islam.

La vision de l’islam de Tareq Oubrou est une vision molle qui revient finalement à considérer l’islam comme une religion possible parmi d’autres, qui peut être vécue passivement par ses adeptes dans une forme d’insouciance à l’égard de ceux qui apostasient : il est sûr que cette vision est beaucoup plus rassurante pour les occidentaux que l’islam de Mahomet, qui ne s’est guère embarrassé de ce genre de considérations : il suffit de lire sa biographie pour en prendre conscience (razzias, meurtres, guerres, viols, torture,..).

Le danger est donc de croire que l’islam de Tareq Oubrou est représentatif de l’islam en général : ce qu’il n’est absolument pas. C’est juste l’islam de Tareq Oubrou.

Du coup, on comprend beaucoup mieux pour quelles raisons doctrinales profondes, notamment concernant la liberté religieuse, l’État Islamique a condamné à mort Tareq Oubrou, imam apostat qui fait dévier les musulmans du droit chemin montré par Mahomet.

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou

Il n’est pas si facile de trouver aujourd’hui en librairie en France des ouvrages sur l’islam rédigés par des musulmans et dépassant l’exposé de simples opinions personnelles pour offrir aux lecteurs une documentation consistante tirée des textes sacrés de l’islam : ceux-ci sont le plus souvent omis. Dans ce domaine, les écrits des fondamentalistes musulmans dépassent d’ailleurs de très loin le contenu généralement assez pauvre des publications de l’islam présenté comme « modéré ».

Une fois n’étant pas coutume, je vous propose de s’attarder quelque temps sur le livre de Tareq Oubrou, « Ce que vous ne savez pas sur l’islam », publié en février 2016 aux éditions Fayard, qui contient des références scripturaires qu’il est intéressant d’analyser.

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Ceci est d’autant plus utile que, si Tareq Oubrou n’a aucune légitimité particulière en matière de doctrine musulmane au sein du monde musulman sunnite et donc ne représente que lui-même, il murmure semble-t-il à l’oreille de l’âne qui, incapable de lire le Coran comme il l’a déclaré et confirmé plusieurs fois lui-même, a néanmoins l’arrogance de prétendre parvenir à instaurer le multiculturalisme en France grâce à une « identité heureuse », concept enfantin, naïf et utopique qui veut ignorer l’existence de divergences de vue profondes entre certaines civilisations et religions.

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Ce livre évoque plusieurs problématiques importantes que je vais reprendre, mais le menu étant assez copieux, je le ferai au travers d’une série d’articles intitulée de façon un peu provocatrice : « Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou ».

Pourquoi ce titre ? La taqiya est un terme arabe qui correspond grosso mode à la notion de « dissimulation ». Il est notamment utilisé en islam de façon spécifique pour désigner la dissimulation de ses croyances dans un contexte culturel et religieux hostile. Or l’ouvrage de Tareq Oubrou, qui ne paraît pas être aujourd’hui un méchant homme (ses relations avec l’U.O.I.F., à laquelle il a appartenu, méritant d’éveiller toutefois sérieusement notre attention), me semble relever néanmoins assez largement de cette attitude, mélangeant des connaissances précises aux flous les plus admirables, distillant certains arguments en omettant complètement les arguments contraires, formulant parfois des raisonnements aberrants si l’on n’y prend garde, évacuant des questions absolument essentielles.

Il faut cependant reconnaître qu’on y trouve aussi quelques jugements pondérés et critiques relevant d’une démarche moins partisane dans sa défense de l’islam, mais dont on peut toutefois se demander dans quelle mesure ils ne seraient pas là en réalité pour contribuer à donner une image d’ensemble rassurante et tenter de convaincre le lecteur qu’il existerait un islam doctrinalement modéré (ce qui est loin d’être démontré à lire la biographie de Mahomet) : une sorte de caution morale et de probité, tant les « oublis » de Tareq Oubrou sont nombreux et importants.

Mon objectif sera donc évidemment de me faire l’avocat du diable pour faire apparaître ce qui a pu être intentionnellement laissé dans l’ombre – car il y a bien d’autres choses que vous ne savez sans doute pas et dont ne parle pas Tareq Oubrou –, afin de vous donner certains autres éléments d’analyse vous permettant d’affiner votre jugement quant à savoir jusqu’à quel point certaines thèses développées, de façon policée et apparemment respectueuse des valeurs traditionnelles françaises, peuvent relever de l’utopie personnelle ou de la manipulation intentionnelle par omission ou mensonge. Ces éléments pourront aussi sans doute vous faire mieux comprendre les raisons qui ont conduit l’État Islamique à le condamner à mort au nom de la défense de la doctrine de Mahomet qu’il a, à son sens, dévoyée et qui fait donc de lui un apostat de l’islam.

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Le véritable enjeu concernant la réalité doctrinale du fondamentalisme musulman est moins les effets traumatisants et passagers du terrorisme musulman que la question de la compatibilité de l’islam (de Mahomet) avec le modèle de société français, dans le contexte d’une imprégnation lente mais constante favorisée par ce type de discours sur l’islam, prétendument « modéré », mais qui cautionne une culture religieuse qui se traduit en réalité, dans la pratique et de façon de plus en plus visible aujourd’hui en France, par un enkystement communautaire où la chari’a devient la loi bien avant les lois de la République.

Michel Onfray dénonce la taqiya de Malek Chebel

Dans son dernier ouvrage « Penser l’islam » publié en mars 2016 chez Grasset, Michel Onfray donne un exemple de la taqiya (dissimulation) musulmane dans une situation bien connue relative à la traduction des textes sacrés musulmans. En effet, ceux-ci contiennent de nombreux passages problématiques au regard des valeurs humaines occidentales, et la tentation est grande vis-à-vis des non arabisants occidentaux de nier ou d’atténuer la violence de certains textes au travers de la remise en cause de la validité de la traduction (il est exceptionnel d’avoir la « bonne traduction »…).

  • Un rappel du contenu des textes sacrés musulmans

Si on peut discuter vigoureusement certaines thèses de Michel Onfray, force est de constater qu’il est un des rares intellectuels français à avoir fait un véritable effort de lecture des textes sacrés musulmans. Pour ce qui concerne les innombrables racines de la violence en islam ou de l’incompatibilité entre les valeurs musulmanes et les valeurs occidentales, Michel Onfray fait un rappel simple de certains textes musulmans :

« Pour éviter que vous me disiez que le Coran n’interdit rien de tout cela, je vous rappelle les sourates en questions. Sur les incrédules : « Exterminez les incrédules jusqu’au dernier » (VIII) ; « Frappez sur leurs cous ; frappez-les tous aux jointures » (VIII.12) ; « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais Dieu les a tués » (VIII.17) ; « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition » (VIII.39). Sur l’antisémitisme : les juifs « s’efforcent à corrompre la terre » (V.64) ; C’est « un peuple criminel » (VII.133) ; « Tout juif qui vous tombe sous la main, tuez-le » (Al-Sîra, II.58-60) ; « Que Dieu les anéantisse » (IX.30)… Sur les polythéistes : « Tuez les polythéistes partout où vous les trouverez » (XVII.58). Sur la justification de la torture par le carcan : « Nous mettrons des carcans à leurs cous, jusqu’à leurs mentons ; leurs têtes seront maintenues droites et immobiles. Nous placerons une barrière devant eux et une barrière derrière eux. Nous les envelopperons de toutes parts pour qu’ils ne voient rien » (XXXVI) ; par la noyade : « Nous avons noyé les autres » (XXXVII.82) ; par la mutilation : « Nous lui ferons une marque sur le museau », autrement dit : nous lui couperons le nez (LXVIII.15) ; par l’égorgement : invitation à « trancher l’aorte » (LXIX) ; par la crucifixion : « Ils seront tués ou crucifiés » (V.33). « Goûtez donc mon châtiment » (LIV) comme il est si souvent écrit… Sur la misogynie : « Les femmes ont des droits équivalant à leurs obligations, et conformément à l’usage. Les hommes ont cependant une prééminence sur elles – Dieu est puissant et juste » (sic !) (II.228) ; « Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elles » (IV.34) ; (…) ; « Eh quoi ! Cet être qui grandit parmi les colifichets et qui discute sans raison » (« L’ornement », XLIII) ; « Admonestez celles dont vous craignez l’infidélité ; reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les » (IV.34) ; « Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leur voile sur leur poitrine, de ne montrer leurs atours qu’à leur époux, ou à leur père » (XXXIV.31) ; sur le congédiement : une sourate entière (« La répudiation », LXV) ; sur la polygamie, voir la totalité de la sourate « Les femmes » (IV) ; « Quant à vos enfants, Dieu vous ordonne d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles » (IV.11)… Sur l’arrangement du mariage, la famille décide pour elle (IV.25). Sur l’homophobie : l’homosexuel est la figure de « l’abomination » (VII.81).

Oui ou non, ces sourates se trouvent-elles dans le Coran ? Si oui, que faut-il en faire ? Sinon, comment expliquez-vous qu’on les trouve dans toutes les traductions et toutes les éditions françaises de ce livre ? De la propagande sioniste ? Des inventions de mécréants, de chrétiens et de juifs, d’infidèles et d’athées pour nuire à l’islam ? Ou des textes, dont pour débattre sérieusement, il nous faudrait d’abord convenir qu’ils existent véritablement afin de penser ensuite ce qu’il faut conclure quand on dit qu’il s’agit d’une parole dictée directement par Dieu à son Prophète ? Est-ce islamophobe que de dire ce qu’on trouve dans le Coran quand on le lit ? »

On peut certes contester dans cette liste tel ou tel point ou traduction pour tenter d’atténuer l’incompatibilité de nombreuses valeurs musulmanes avec les valeurs occidentales, mais l’accumulation des versets et des sourates problématiques rend cette démarche très délicate.

  • Un exemple d’atténuation volontaire et donc coupable

Pour illustrer la technique utilisée par certains islamologues pour tenter d’atténuer le conflit de valeurs islam/Occident, Michel Onfray cite un exemple précis concernant Malek Chebel, musulman « modéré » intéressé à la conciliation avec le monde occidental, et prêt semble-t-il à « tordre » les textes. Je laisse le lecteur lire cette analyse et se faire sa propre opinion sur la validité de cette analyse dans le cas d’espèce :

« Le contextualiste ne lit pas ce qui est écrit et veut même parfois voir le contraire de ce qui est écrit. Quand Malek Chebel, partisan d’un islam des lumières, traduit le Coran, il lui fait parfois dire le contraire de ce qu’il dit afin de supprimer tout ce qui montre que certains textes sont incompatibles avec la modernité démocratique. Ainsi, quand le texte dit (VIII) : « Alors que Dieu voulait manifester la vérité par ses paroles et exterminer les incrédules jusqu’au dernier » (traduction de Jean Grosjean), ou bien : « Le Seigneur cependant a voulu prouver la vérité de ses paroles et exterminer jusqu’au dernier des infidèles » (traduction de Kasimirski), ou bien : « Le Seigneur cependant a voulu prouver la vérité de Ses paroles, et exterminer jusqu’au dernier des infidèles » (traduction de Hadj Noureddine Ben Mahmoud), ou bien : « Allah voulait réaliser la vérité, par Son arrêt et exterminer jusqu’au dernier des infidèles » (traduction de Régis Blachère), Malek Chebel dit : « Allah a voulu que la vérité triomphe en imposant Son verbe et en éradiquant les mécréants. » Exterminer n’est pas éradiquer – d’ailleurs qu’est-ce qu’éradiquer un homme ? En revanche, chacun comprendra ce qu’est l’exterminer… »

Polygamie : le mensonge de l’impossible équité

Pour défendre l’honneur des musulmans dans la controverse sur la polygamie qui les oppose au reste du monde, et pas seulement à l’Occident (sur lequel ils font une fixation), le sempiternel argument ressassé à longueur de temps est celui de la quasi-impossibilité de la polygamie compte tenu des conditions drastiques qui seraient mises par l’islam :

Coran, sourate 4, verset 3. (…) Épousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes. Mais, si vous craignez de n’être pas équitable, alors une seule, ou des concubines [ndlr ou esclaves de guerre]. (…)

Mais quelles sont donc ces conditions drastiques ?

Yusuf Qaradawi précise la notion d’équité : « Quant à la condition imposée par la polygamie, c’est la certitude du musulman de pouvoir être équitable entre ses épouses dans l’alimentation, la boisson, les vêtements, le logement, et le lit et le reste des dépenses d’entretien. »

Qu’y a-t-il donc de si difficile à partager équitablement des biens entre plusieurs femmes ? A priori rien : il suffit de faire la division. Comme dans une écurie : rien n’empêche de bien traiter tous ses chevaux et de leur donner la même ration d’avoine. Simplement, pour un même gâteau (les biens du mari), plus il y a de convives, plus les parts sont petites, voire chiches. L’argumentation est tout aussi pauvre et creuse dans le contexte de la réforme de la Moudawana au Maroc (cf. moudawana).

L’équité peut même facilement être appliquée sur la question du temps passé avec ses épouses. Ainsi Yusuf Qaradawi rappelle comment s’y prenait Mahomet : « Quand il envisageait de faire un voyage, il faisait un tirage au sort pour désigner laquelle de ses épouses allait l’accompagner (hadith unanime). Il n’agissait ainsi que pour ne pas blesser l’amour-propre de l’une d’entre elles et pour donner satisfaction à tout le monde. »

En réalité, le caractère équitable ne peut pas être assuré en matière affective – on a toujours une préférence – mais ce n’est justement pas demandé par Allah au croyant, puisqu’Allah sait que c’est impossible.

Ainsi Yusuf Qaradawi rappelle : « Le Prophète a dit : « Celui qui a deux épouses et qui penche vers l’une au détriment de l’autre, viendra le jour de la Résurrection traînant l’une de ses deux moitiés tombée ou penchée » (hadith rapporté par Abou Dawoud et al-Hakinm). Cette inclination du mari contre quoi ce hadith met en garde est la transgression des droits de l’autre dans la justice, et non le simple penchant du cœur. »

Et Yusuf Qaradawi poursuit : « Car cela entre en effet dans la justice qu’on ne peut réaliser et qui a fait l’objet du pardon de Dieu : « Vous ne pourrez jamais être équitables envers vos épouses même si vous vous y appliquez. Ne penchez pourtant pas entièrement (vers l’une d’elles) » (Coran, sourate 4, verset 129). C’est pourquoi le Messager de Dieu partageait équitablement et disait : « Seigneur ! Tel est mon partage selon les moyens dont je dispose. Ne me tiens pas rigueur dans ce que Tu détiens et que je ne détiens pas » (voir al-Sounan). Il faisait allusion au penchant du cœur et des sentiments en faveur de l’une de ses femmes et qu’il ne pouvait éviter. »

Conclusion : Où sont ces fameuses conditions drastiques qui réduisent la polygamie musulmane à un simple phantasme au lieu de ce qu’elle est : un droit parfaitement valide offert au musulman partout où il réside, y compris en Occident ?

Tariq Ramadan redonne toute sa place au Jihad

Bien que Tariq Ramadan semble prêcher la tolérance, le non-prosélytisme, le respect des lois occidentales, etc. dans de nombreuses circonstances (cf. Objectif en pays non musulman), Tariq Ramadan valide néanmoins fondamentalement le jihad dans le cadre d’une logique très éloignée du sens commun occidental. Cela ne ressemble-t-il pas à s’y méprendre à un double discours ?

Cette façon de voir les choses doit être étudiée avec attention car elle apporte une clef de lecture fondamentale de la vision musulmane de l’histoire, clef de lecture que les Occidentaux ont toute la peine du monde à saisir tant cette conception de la justice et de la paix leur est naturellement étrangère :

Havre de savoir Resistance a l'oppression

Havre de savoir Resistance a l’oppression

Verbatim : « Le Prophète immédiatement, immédiatement, va devoir apprendre une chose : ce n’est pas parce que vous appelez tous les êtres humains à la paix, que tous les êtres humains vont vous traiter de façon pacifique. Waraqa ibn Nawfal lui avait dit : « ton peuple va te rejeter ». Et ça c’est très important : dans l’éducation du Prophète, tu appelles au bien et tu vas trouver le mal. Tu appelles à la paix et tu vas trouver la guerre. Tu appelles à la fraternité : tu vas trouver le rejet. Tu appelles à la justice : tu vas trouver l’oppression. Et de cela, c’est une chose importante : si tu portes ce message de paix, tu as non seulement la responsabilité de porter ce message mais tu as la responsabilité de résister à l’oppression. Un homme de paix doit se préparer à certaines guerres. Un homme de paix doit se préparer à certaines guerres. Et le Prophète est tellement conscient de ça que quand il arrive à Médine et qu’il sait que ça va être la guerre, il dit à tous ceux qui le suivent : répandez la paix. Vous êtes des hommes de paix, mais il faut être prêt. Il faut être prêt. Et là aussi c’est une dimension de la résistance, c’est-à-dire tous ceux… comme ça été dans les… y’a des pays majoritairement musulmans et arabes qui ont eu des gens qui sont venus les former des Etats-Unis ou de l’Europe, ils disaient : dans les manuels scolaires, il faut enlever le mot « jihad ». Y’a pas à enlever le mot « jihad » : y’a à lui donner sa juste définition. Mais pas à l’enlever ! Attendez, on peut pas ! Y’a pas de compréhension de ce que je suis en train de dire sans le fait : les hommes de paix doivent savoir qu’il y a des oppresseurs, qu’il y a des gens qui tuent et qu’ils devront eux, avec la dignité de l’humanité, résister. La dignité de la France ça quand même été les résistants, pas simplement ceux qui se sont pliés devant le régime nazi. Non , c’est la résistance. À un moment donné, faut dire « non ». Eh bien tous les messagers ont dû à un moment donné dire « non ». Tous, tous, tous devant l’oppression des hommes. »

Écartons d’abord rapidement dans cet exposé la question du rejet par le peuple, qui est le grand classique du « prophète incompris » : Moïse, Jésus, Mahomet et tant d’autres. C’est d’ailleurs pratiquement un incontournable car quelle serait la valeur d’un message qui ne poserait aucun problème aux hommes qu’il s’agit de faire sortir des ténèbres ? Quel mérite aurait le prophète ? Bref, « appeler au bien et trouver le mal » est un message d’une banalité spirituelle consternante. Reste à savoir comment y faire face : Jésus s’est laissé crucifier. Que va décider Mahomet ? Mahomet va prendre une toute autre voie en exploitant la violence que cette prophétie auto-réalisatrice contient : car la lutte avec le mal étant inéluctable, la violence le devient aussi. Il ne reste plus qu’à justifier moralement la violence.

Ainsi, pour Tariq Ramadan, l’oppresseur est celui qui n’accepte pas le message que Mahomet tente de lui imposer et qui y résiste, si nécessaire par les armes. C’est une conception pour le moins singulière des concepts d’oppresseur et d’oppressé. Elle correspond toutefois parfaitement à la réalité historique puisque Mahomet a tenté sans succès de convaincre et convertir les Quraychites pendant 12 ans à La Mecque : il a donc décidé d’imposer sa religion par les armes à partir de Médine, un des premiers messages de paix consistant à chasser puis exterminer les juifs de Médine (entre 600 et 900 hommes) en les égorgeant sur le bord d’un fossé creusé exprès pour l’occasion (et en réduisant en esclavage leurs femmes et leurs enfants).

En effet, l’autre point intéressant de la dialectique musulmane est que Mahomet porte la parole d’Allah et que cette parole ne peut par définition qu’être LA parole de paix, l’UNIQUE : quiconque n’est pas de l’avis de Mahomet a nécessairement tort : c’est le principe même de la dictature. Donc tous ceux qui résistent à cette parole sont nécessairement des injustes avec lesquels la guerre est tôt ou tard inévitable puisque leur cœur est obscurci et endurci. « Un homme de paix doit se préparer à certaines guerres » (bis) dit Tariq Ramadan : conception inouïe de la notion même de paix. Il aurait été intéressant d’avoir l’avis de Bouddha ou du Mahatma Gandhi.

On constate ainsi que Tariq Ramadan inclut par nature la guerre, le jihad, dans la nature même de la prédication de Mahomet, celui-ci n’ayant pas l’intention de subir le sort du Christ, ce qu’il aurait néanmoins pu choisir s’il avait été véritablement un homme de paix. Tariq Ramadan insiste sur le fait qu’il ne convient en aucune façon « d’enlever le mot jihad » (au sens de combat armé) du discours musulman.

Dans cet autre passage, Tariq Ramadan explique que « La Mecque étant devenue la réalité de la répression par les gens qui refusent le message », il y a dans le départ de Mahomet à Médine « la sagesse du pacifique et en même temps la compréhension du stratège » : en d’autres termes, Mahomet sait parfaitement qu’il va devoir imposer sa religion par les armes, n’étant pas parvenu à convaincre les cœurs, et il a clairement planifié toute la période guerrière qui va suivre.

Havre de savoir Periode medinoise

Havre de savoir Periode medinoise

Verbatim : « Avant de partir, le Prophète planifie, il planifie parce qu’il faut qu’il quitte La Mecque. La Mecque est devenue la réalité de la répression par les gens qui refusent le message et donc il doit partir. Il a planifié avec… tout ce qui a été l’accueil des gens qui venaient de Médine pendant les différentes fois, pendant deux ans comme je vous l’ai dit. À un moment donné, il part et dans ce départ-là, il y a à la fois la sagesse du pacifique et en même temps la compréhension du stratège. »

Au passage, il est important de noter que Tariq Ramadan confirme que Mahomet a bien planifié de partir, c’est-à-dire qu’il a décidé et organisé (pendant deux ans) ce départ (ce qu’on lit d’ailleurs clairement dans la Sîra) : il n’a en aucun cas été chassé de La Mecque comme cela est rabâché en permanence pour faire croire à la thèse de la légitime défense.

C’est donc dans ce cadre intellectuel délirant de la guerre vue, par un retournement dialectique fulgurant, comme la nécessaire résistance à l’auto-défense des oppressés en réalité agressés, que le jihad se voit pleinement reconnu et justifié, reconnaissance et justification qui tranchent singulièrement avec les discours embarrassés et incompréhensibles des musulmans « modérés » qui tentent de trouver une issue acceptable pour les sociétés occidentales (et qui a au moins pour intérêt de nous épargner les fausses subtilités linguistiques habituelles au sujet de l’usage du mot de qital plutôt que de jihad et auxquelles il n’apparaît pas utile de faire référence ici). Au moins, pour une fois, le reconnaissance de la légitimité du jihad est claire !

Quant à la comparaison de Mahomet avec les résistants français contre le nazisme, elle ne manque pas d’audace, Mahomet ayant été l’Adolf Hitler des juifs de Médine, puisque l’objectif était bien de les exterminer jusqu’au dernier.

Sur cette base, quelle signification donner à un quelconque projet de vivre-ensemble ?

Comment les Quraychites se moquaient de Mahomet à La Mecque

Mahomet a tenté d’imposer aux Quraychites sa nouvelle religion à La Mecque. Si les réactions naturellement hostiles des Quraychites ont pu susciter certaines violences assez habituelles dans le contexte des mœurs de l’époque, leur gravité est bien inférieure à ce que chacun a en tête lorsqu’on utilise de nos jours et à dessein le terme de « persécutions » (cf. article persécutions à La Mecque).

Pour ce qui est de Mahomet lui-même, s’il a finalement fui de La Mecque au bout de 12 ans de prédication, on ne voit pas bien ce qu’il eut à subir lui-même, si ce n’est les railleries et les moqueries du clan des Quraychites auquel lui-même appartenait. Peut-être peut-on trouver ici une des raisons possibles de l’extrême sensibilité et susceptibilité des musulmans à toute critique de leur prophète compte tenu du souvenir pénible de cette époque de raillerie et de moquerie de leur prophète et de leur religion.

Lisons la Sira : section « La mort d’Abu Talib et de Khadija » [ndlr soit 10 ans après le début de la prédication de Mahomet et 2/3 ans avant l’hégire] :

« Ibn Ishâq dit : Les gens qui outrageaient l’envoyé d’Allah dans sa maison étaient : Abu Lahab, al-Hakam, Uqbah, Adyy, al-Thaqafi et Ibn al-Asda al-Hudali. Ils étaient ses voisins. Aucun d’eux n’a embrassé l’islam, à l’exception d’al-Hakam. D’après ce qu’on m’a rapporté, l’un d’eux jetait sur l’envoyé d’Allah l’utérus d’une brebis pendant qu’il priait, un autre lui jetait dans sa marmite une pierre quand on la lui servait. Par suite de cela, l’envoyé d’Allah était obligé de se protéger d’eux derrière un mur quand il priait. D’après ce que me rapporta Umar sur l’autorité d’Urwab, l’envoyé d’Allah avait coutume, quand on jetait sur lui cette saleté, de la mettre sur une perche et de se tenir debout devant sa porte et de dire : « Ô gens de Banû Abd Manâf ! Quel voisinage est-ce ? ! » Puis il la jetait dans la rue.

Ibn Ishâq dit : « Khadija et Abu Talib moururent la même année. » [ndlr en 619/620] Alors les catastrophes se succédèrent sur l’envoyé d’Allah par suite de la mort de Khadija – qui était son soutien fidèle pour l’islam et c’était à elle qu’il se plaignait –, et la mort de son oncle Abu Talib, qui lui offrit la protection dans sa mission, et l’aida contre son peuple. Cette double mort eut lieu 3 ans avant son émigration à al-Mâdinah. Lorsque Abu Talib mourut, Quraysh fit à l’envoyé d’Allah des outrages qu’ils ne pouvaient pas lui faire durant la vie d’Abu Talib à tel point qu’un insolent parmi les insolents qurayshites l’intercepta et jeta de la poussière sur sa tête.

Ibn Ishâq dit : Hisham ibn Urwah, sur l’autorité de son père, m’a dit : Lorsque cet insolent-là jeta cette poussière sur la tête de l’envoyé d’Allah, l’envoyé d’Allah entra dans sa maison et la poussière était sur sa tête. L’une de ses filles se mit à le nettoyer de la poussière en pleurant. L’envoyé d’Allah lui dit : « Ne pleure pas ma fille car Dieu protège ton père. » L’envoyé d’Allah disait : « Quraysh ne m’avait pas traité de la sorte jusqu’à la mort d’Abu Talib. » »

Jacqueline Chabbi complète : « La thématique de la moquerie est très fréquente dans le Coran de la période mekkoise [1]. La transmission ne pouvait aboutir puisque ses destinataires la rejetaient. Elle se trouvait dans une impasse. C’est pour cette raison que la révélation reflète, à La Mekke, une sorte d’emballement du discours. Celui-ci s’amplifie sans cesse. Il multiplie les récits tout autant que les redites. Les arguments se diversifient et se bousculent comme pour tenter de répondre désespérément à l’échec persistant de Mahomet auprès des hommes d’importance de la cité mekkoise, ses réceptionnaires désignés, les seuls qui auraient pu relayer son message auprès de la tribu tout entière. »

[1] Coran, sourate 52, verset 12 :  « ceux qui s’ébattent dans des discours frivoles » ; Coran, sourate 45, verset 9 :  « S’il a connaissance de quelques-uns de Nos versets, il les tourne en dérision » ; Coran, sourate 45, verset 35 :  « Cela parce que vous preniez en raillerie les versets d’Allah (…) » ; Coran, sourate 18, verset 56 :  « Et ceux qui ont mécru disputent avec de faux arguments, afin d’infirmer la vérité et prennent en raillerie Mes versets (le Coran) ainsi que ce (châtiment) dont on les a avertis ».