Réaction de Céline Pina, conseillère régionale en Ile-de-France, à l’occasion du salon de la femme musulmane (septembre 2015), au cours duquel le droit de frapper sa femme fut abordé (les références coraniques étant sur ce point très claires cf. article frapper sa femme dans le Coran). Elle fait notamment état du silence assourdissant de la classe politique française sur le sujet, qu’on peut certainement rattacher à une lâcheté profonde, voire viscérale.
Catégorie : France
La culpabilisation coloniale conduit à l’humiliation religieuse
Comment comprendre les témoignages de reconnaissance pour faits de guerre à l’égard de la communauté musulmane présentés par les représentants de l’État français, qu’il s’agisse de la construction de la grande mosquée de Paris dans les années 1920 ou beaucoup plus récemment du discours du président de la République à l’occasion de l’inauguration du mémorial du soldat musulman en février 2014 ?
L’État français socialiste s’est exécuté en février 2014 devant une revendication de la communauté musulmane exprimée dans l’article 19 de la Convention citoyenne des musulmans de France de juin 2014 : « Les musulmans demandent la reconnaissance et le respect de la mémoire de leurs coreligionnaires tombés sur le champ d’honneur pour que la France soit libre et le demeure. »
À vrai dire, j’ignorais que la France eût une dette à l’égard de l’islam au titre de sa défense et de celle de la liberté. Si c’est le cas, elle en a certainement une à l’égard du judaïsme, et surtout du christianisme, puisque les chrétiens sont tombés par centaines de milliers et même millions (compte tenu du fait que la France est historiquement chrétienne) pour la défense de ce pays. Soyons sérieux car le sujet est grave : la France n’a aucune reconnaissance particulière à avoir à l’égard de l’islam : elle n’en a que vis-à-vis des individus qui se sont battus pour elle, quelle que soit leur origine.
Qui plus est, quel sens donner à cette demande de la communauté musulmane formulée dans la Convention de juin 2014 sachant le président de la République l’avait déjà satisfaite en février 2014 ? Ne fallait-il pas remplacer dans la Convention le terme « demandent » par « ont obtenu » pour être plus fidèle à la réalité ? Que signifie réellement le maintien de cette revendication dans cette Convention ? On pourrait être tenté de croire que la « Soumission » a déjà commencé si l’on veut être un brin provocateur.
L’État peut tenter de favoriser, c’est son rôle au travers du ministère de l’intérieur et des cultes, et c’est tout à fait souhaitable, la bonne entente entre communautés religieuses au travers de témoignages et d’échanges équilibrés vis-à-vis de chacune d’elles. Mais le fait-il dans ce cas précis à bon escient ? D’ailleurs, il me semble difficile de maintenir la neutralité qui s’impose dans l’exercice de la responsabilité politique si l’on proclame, comme le premier ministre, être « lié de façon éternelle à la communauté juive et à Israël ». (cf. Manuel Valls)
Il est certain que des musulmans se sont effectivement battus auprès des Français dans les 150 dernières années, mais ils ne se sont pas battus aux côtés des chrétiens, des juifs, des agnostiques, des athées… mais aux côtés des Français, et ils ne se sont pas battus parce qu’ils étaient musulmans mais parce qu’ils appartenaient aux colonies françaises et, un certain nombre, de fait, étaient musulmans.
Le président de la République a déclaré en février 2014 : « S’en prendre à une mosquée (…), comme s’en prendre à une église, à une synagogue, à un temple, c’est s’attaquer à l’ensemble de la communauté nationale. » Eh bien non, c’est s’en prendre à des communautés spécifiques, respectivement les musulmans, les catholiques, les juifs et les protestants. C’est justement parce que, aux yeux de certains, ces communautés cristallisent symboliquement des problématiques bien spécifiques [1] (voire plusieurs à la fois) qu’ils s’en prennent à elles.
[1] En ce moment, plutôt : l’intégration pour les musulmans, l’opposition au mariage homosexuel pour les catholiques, et la politique d’Israël vis-à-vis des musulmans en Israël pour les juifs.
Mais que, de fait, s’en prenant à elles, ils ne respectent pas la loi française, n’a rien à voir avec une volonté de s’attaquer globalement à la nation française par une atteinte aux lois de la France, contrairement à ce que montrent à l’évidence les propos de jeunes de certaines banlieues, devenues des territoires hors droit et où la police n’ose parfois même plus aller, et qui manifestent sans ambiguïté leur rejet du modèle de société français dans son ensemble. Dans ce dernier cas, effectivement, on peut parler d’attaque de la communauté nationale.
Il semble d’ailleurs assez curieux de faire référence dans ce contexte au principe de respect des croyances de chacun, « inscrit depuis deux siècles dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen », dans la mesure où la plupart des pays musulmans n’adhèrent pas dans la forme ou dans les faits à cette déclaration et lui substituent d’autres principes issus d’autres déclarations .
Nos monuments aux morts portent la mention « morts pour la France » et non « chrétiens morts pour la France » ou « juifs morts pour la France ». Si la France peut se sentir redevable envers tous ceux qui se sont battus pour elle, en quoi l’islam (ou toute autre religion) a-t-il quelque rapport avec la défense de la France ? Témoigner une reconnaissance institutionnelle à une religion plutôt qu’aux individus, aux familles, qui ont souffert pour la France n’est-il pas maladroit, déplacé, voire choquant ?
Témoignons de la reconnaissance à ceux qui le méritent. Pour le reste, cessons cette repentance permanente dans laquelle la France se complaît depuis une trentaine d’années et voyons aussi tout ce que la France a apporté au monde et aux anciens pays colonisés. Il est temps que la France abandonne sa contrition masochiste, dans laquelle se délecte l’intelligentsia post soixante-huitarde, adepte de la déstructuration et au fond de la destruction des valeurs (destruction freudienne et enfantine provoquée par un vouloir totalitaire jouissif qui ne parvient pas à se maîtriser), et que la France retrouve un peu de fierté, sans pour autant tomber dans l’arrogance.
Yûsuf Al-Qaradâwî : sa vision des causes du terrorisme
Dans une lettre remise à François Hollande en février 2015, Yûsuf Al-Qaradâwî indique que « Sur la question du terrorisme, il ne faut pas s’arrêter sur les effets et les conséquences, en négligeant les causes et les motivations qui alimentent ce terrorisme, à savoir, l’absence de l’égalité humaine, la provocation des sentiments religieux, la négligence du droit des palestiniens à la création d’un État. Il ne faut pas non plus fermer les yeux sur les crimes perpétrés par les israéliens contre les palestiniens, sur le soutien des régimes dictatoriaux dans le monde Arabe et musulman qui répandent le sang de leurs peuples et transgressent leur liberté, comme c’est le cas en Syrie et en Égypte. Il affirme que la résolution de ces problèmes contribuera à éradiquer le terrorisme à la racine au niveau mondial. »
Le C.F.C.M. : une simple association gérant les lieux de culte
Le vice-président du C.F.C.M., Chems-Eddine Hafiz, précise que le CF.C.M. ne donne aucun avis religieux et se contente de gérer les lieux de culte et autres questions pratiques (ex. carrés musulmans).
Puisque tel est le cas, plusieurs remarques viennent à l’esprit :
1) Comment se fait-il que le C.F.C.M. prenne alors position pour déclarer que la religion musulmane est parfaitement compatible avec les valeurs de la République française, dont la laïcité, puisqu’il n’a donc aucune vocation à interpréter les textes sacrés et donc à trancher si nécessaire sur les questions touchant aux valeurs humaines et culturelles prônées par l’islam ?
2) Les musulmans de France peuvent continuer à interpréter comme bon leur semble en fonction des circonstances la doctrine musulmane puisqu’il n’y a pas d’autorité religieuse.
3) Il n’y a aucune possibilité de limiter l’influence des imams les plus virulents dans les mosquées de façon interne à la communauté musulmane. Seul le recours à la loi civile – dont on sait combien la simple application, dans le cas de la communauté musulmane, conduit rapidement à un procès en stigmatisation de la société française – peut donner quelques résultats.
L’islamisation de la loi française : le droit de la famille
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil depuis 2002, évoque en 2011 la question de l’adaptation imposée dans la pratique à la France de la loi française aux us et coutumes musulmanes dans certains domaines, comme ceux de la famille.
Manuel Valls : quelle ligne directrice en matière religieuse ?
Il ne semble pas aisé de comprendre la pensée de Manuel Valls en matière religieuse ni d’estimer sa capacité à la neutralité éclairée dont ne doit pas se départir le ministre de l’intérieur du fait de ses responsabilités vis-à-vis des cultes, et encore moins un premier ministre, si l’on essaie d’en juger à partir de l’évolution radicale de ses positions passées.
En avril 2008, Manuel Valls, maire d’Évry, défendait avec conviction la cause palestinienne.
Valls et Les palestiniens avril 2008
Manuel Valls épouse en 2010 Anne Gravoin qui est juive.
En avril 2011, Manuel Valls défend avec ardeur son « attachement éternel à la communauté juive et à Israël ».
À cet égard, il est regrettable que les journalistes, toujours épris de morale et de déontologie, n’aient pas rappelé cet aspect lors de la controverse née de la déclaration de Roland Dumas en février 2015 qui considérait que Manuel Valls était sous influence juive. Les Français auraient certainement été beaucoup plus éclairés sur l’origine de la position de Roland Dumas (qu’on la partage ou non, ou qu’on la juge même abjecte, puisque là n’est pas le débat au regard de la déontologie journalistique) que par les lamentables propos de bistro entendus à l’époque du type « La vieillesse est un naufrage », etc., abondés par des personnalités du show business totalement incultes. Cette façon de procéder du milieu journalistique relève-t-elle de la déontologie journalistique ?
La lecture du Coran : c’est difficile ?
Lors d’une interview sur Canal + en mars 2015, Alain Juppé, interrogé par Michel Onfray, reconnaît ne pas avoir lu le Coran.
Il est toujours délicat pour un homme politique de reconnaître piteusement qu’il parle de quelque chose qu’il ne connaît pas (comme un enfant pris le doigt dans le pot de confiture…), mais il l’est encore plus, et encore plus irresponsable, de réitérer le même propos quelques mois après (août 2015 : voir ci-dessous).
Quant à l’argument consistant à dire que, pour un agrégé de lettres classiques, inspecteur des finances, cette lecture est « difficile », ou que cela ne figurait pas au programme de ses longues études (école normale supérieure et E.N.A.), nous sommes acculés à en rire pour éviter d’en pleurer.
Dans une interview accordé au Parisien en août 2015 à l’occasion de la présentation de son projet pour l’éducation, Alain Juppé est interrogé par un journaliste.
À la question du journaliste, « En janvier [ndlr 2015], l’hommage aux victimes de Charlie a été perturbé dans certains établissements. Faut-il parler des religions dès la primaire ? », Alain Juppé répond : « La primaire, c’est lire, écrire, compter, raisonner. Ne chargeons pas davantage le programme ! En revanche, au collège, il faut mieux enseigner le fait religieux pour que chacun comprenne ce qu’est une cathédrale, une fête patronale… La France a des racines judéo-chrétiennes. Elle a aussi une population musulmane. Il faut vaguement savoir ce qu’est le Coran. J’ai confessé un jour au philosophe Michel Onfray que je ne l’avais pas lu. Depuis, j’ai essayé de me rattraper. Mais c’est difficile à lire. »
Ainsi, Alain Juppé, ancien ministre, potentiel futur président de la République estime toujours inutile, même après « l’avertissement Onfray », de savoir précisément ce que dit le Coran, ce qui revient à dire qu’il ne juge pas nécessaire, en dépit de tous les événements nationaux et internationaux – pourtant au combien dramatiques – relatifs à l’islam depuis des années, de comprendre en quoi consiste la culture musulmane et les valeurs humaines et sociales qu’elle prône pour l’avenir de la France. Dont acte.