S’il y a bien un domaine où la société occidentale rend hommage à la femme, sans pour autant la considérer nécessairement comme un objet, c’est d’honorer sa beauté. Et c’est à chaque femme d’en décider librement en fonction de la façon de s’apprêter qu’elle aura choisie.
En islam, la question est posée de façon différente car la beauté visible – même sans volonté de séduire – est au fond assimilée à une incitation à la débauche, à une provocation, dont la femme est responsable, et qui peut vite se transformer en excuse pour les mâles incapables de contrôler leurs instincts, sourds à l’interdit de fornication énoncé par leur propre religion. Aussi, l’islam impose-t-il à la femme une multitude de règles d’habillement pour prévenir ces excès masculins visiblement irrépressibles chez les musulmans, d’autant que la femme est généralement considérée pour cette question comme un être plutôt irresponsable et futile.
Par ailleurs, il semble qu’il y ait malheureusement toujours un relent de culpabilisation à l’égard de la femme avec l’idée que la femme aguiche l’homme et qu’elle est responsable de l’attirance qu’elle suscite, jusqu’à ses conséquences les plus fâcheuses comme le viol : c’est en tous cas une idée qu’on retrouve très fréquemment dans la bouche de jeunes musulmanes occidentaux.
Ainsi, Yusuf Qaradawi écrit : « Dieu a ordonné aux femmes des croyants de se couvrir pour sortir avec un voile ample et enveloppant tout le corps. Cela les distingue des autres femmes comme les mécréantes et les débauchées. (…) Il apparaît clairement dans ce verset [ndlr Coran, sourate 33, verset 59] que cet ordre est justifié car on craint que les femmes soient importunées par des débauchés et des regards lubriques de gens sans pudeur. Ce n’est pas du tout parce qu’on a peur d’elles ou qu’on n’a pas confiance en elles, comme le prétendent certains. La femme qui étale sa beauté et sa toilette, qui se déhanche coquettement en marchant et qui parle avec douceur, séduit toujours les hommes et donne des espoirs aux frivoles. Cela confirme le noble verset suivant : « Ne parlez pas aux hommes sur un ton soumis (à force d’être aimable), car cela pourrait susciter la convoitise de celui qui a quelque maladie au cœur. » (Coran, sourate 33, verset 32) »
Yusuf Qaradawi écrit aussi : « L’islam n’a exempté les femmes de cette interdiction [ndlr porter de l’or et de la soie] que par considération pour la femme, du fait de sa féminité et de son penchant inné pour les parures. Cependant, il ne faut pas que la préoccupation de leur parure devienne une tentation pour les hommes et un moyen d’enflammer leurs désirs. Un hadith dit en effet : « Toute femme qui se parfume et passe devant des hommes pour leur faire sentir son parfum est une fornicatrice et tout œil est fornicateur » (hadith rapporté par An-Nassa’i, Ibn Khazima et Ibn Hiban). »
Yusuf Qaradawi indique également : « Parmi la recherche excessive de la beauté interdit par l’islam est l’élimination des sourcils pour les élever au-dessus des yeux ou pour les arranger. Le Messager de Dieu a effectivement maudit la femme qui épile les sourcils et celle qui se les fait épiler. Cette interdiction est davantage obligatoire quand l’épilation devient l’emblème des femmes de mauvaises mœurs. » On peut d’ailleurs s’interroger sur la nécessité qu’avait Mahomet, s’il était vraiment un maître spirituel, à se prononcer sur l’épilation des sourcils…
Une des préoccupations de l’islam est également de maintenir une stricte différenciation des sexes, terreau indispensable à la préservation du statut de l’homme et de son autorité. Mais qu’a un homme qui s’assume à redouter de quelques libertés vestimentaires éventuellement prises par sa femme ?
Yusuf Qaradawi écrit : « Le Prophète a déclaré qu’une des choses interdites à la femme est de porter une tenue vestimentaire masculine, et à l’homme de porter une tenue féminine (hadith rapporté par Ahmad, Abou Dawoud, an-Nass’i, Ibn Maja, Ibn Hiban et al-Hakim). Il a maudit en outre les hommes qui prennent l’apparence des femmes et les femmes qui prennent l’apparence des hommes (hadith rapporté par al-Boukhari et d’autres). Entre dans ces apparences, la façon de parler, de gesticuler, de marcher, de se vêtir, etc. Le plus grand mal qui puisse toucher la vie et la communauté est de s’écarter de la saine nature, et de se rebeller contre ses lois. Or, dans la nature, il y a un homme et il y a une femme. Chacun des deux a ses caractéristiques propres. Quand l’homme se féminise et que la femme se virilise, c’est le signe du chaos et de la dégradation des mœurs. »
La question se pose alors de savoir ce que veut dire une tenue « masculine » : quid du pantalon ? quid des cheveux courts ? quid des costumes ? etc. Finalement, on a l’impression que l’objectif de l’islam est de cacher la femme autant que possible, de la « désexualiser ».
Ainsi, Yusuf Qaradawi écrit : « L’islam a interdit à la femme le port de tout vêtement moulant le corps ou laissant transparaître ce qu’il couvre. C’est par exemple ce qui définit les diverses parties du corps et particulièrement celles qui tentes les hommes tels que la poitrine, la taille, les fesses et autres. »
Il y a donc fort à parier qu’on verra encore longtemps des femmes musulmanes en France se promener dans ces sortes de djellaba, dont le charme pittoresque et l’élégance relève plus du registre de la robe de chambre qu’elle n’honore l’immense tradition de la haute couture française. Probablement encore un signe manifeste de souci d’intégration et d’assimilation des valeurs culturelles de la France…