La fausse « tolérance », cocktail de soumission et de tribut, outil de conquête de l’islam

Article de la série consacrée au livre de Robert Hoyland : « Dans la voie de Dieu » (http://islametoccident.fr/?p=4814).

« Les Arabes n’utilisaient pas uniquement la force militaire pour atteindre leurs objectifs. Ils faisaient aussi un usage intensif d’accords garantissant la vie, les biens et les coutumes en échange de la soumission et du paiement d’un tribut.

(…)

L’idée ancienne – et toujours présente aujourd’hui dans la littérature savante – selon laquelle la population autochtone aurait accueilli les conquérants à bras ouverts, est fausse. Ce n’est que rétrospectivement et avec l’intention de s’attirer les bonnes grâces des autorités musulmanes que des auteurs chrétiens donneront une évaluation positive des invasions arabes. Il est cependant vrai que les chrétiens anti-chalcédoniens avaient subi des persécutions de la part des autorités chalcédoniennes à la fin du VIème et au début du VIIème siècle, et il est probable que cela ait incité des éléments des communautés anti-chalcédoniennes de Syrie et d’Égypte à faire des compromis avec le pouvoir quand la période initiale de combats et de pillages fut terminée et qu’il fut devenu clair que les Arabes les laisseraient pratiquer leur propre foi en paix tant qu’ils paieraient un tribut. »

Al-Andalus : analyse d’un mythe (4)

Contexte de la série d’articles : http://islametoccident.fr/?p=4326

  • Al-Andalus et les juifs

« Il est intéressant de rappeler que c’est aux IXème et Xème siècles, lorsque les dhimmis n’étaient plus disposés à respecter des normes répressives, qu’ont eu lieu les conflits les plus violents et les plus sanglants. La réaction des musulmans d’al-Andalus pouvait être tantôt fracassante, comme lors de la persécution anti-chrétienne du IXème siècle, tantôt sourde et discrète, comme dans le cas de Maïmonide, victime d’une conversion forcée à l’islam. Redevenu juif, après sa fuite en Égypte, mais reconnu sur place par un Andalousien, il dut faire face à un procès pour aspotasie et ne put échapper à la peine de mort que parce que le cadi al-Fadil qui le jugeait était son ami. Après avoir vécu de mauvaises expériences en al-Andalus et au Maroc et après avoir appris la situation de nombreux juifs au Yémen, Maïmonide s’est plaint, dans une célèbre missive adressée aux juifs yéménites des persécutions subies par ses coreligionnaires dans le monde musulman. »

« Cette constante attitude de rejet des juifs pousse les musulmans, même lorsqu’ils ont perdu le pouvoir, à se prémunir de toute domination des juifs à leur égard. Ainsi prennent-ils bien soin de faire inclure dans les capitulations de Grenade, signées par Boabdil et les Rois catholiques, une clause qui les mette à l’abri de cette éventualité : « Que leurs Altesses ne permettent pas que les juifs aient la faculté de commander aux Maures et de lever quelque impôt que ce soit ». Le mépris à l’égard des juifs et les discriminations qui en découlent sont monnaie courante dans la littérature arabe bien que nous ne puissions pas ici accumuler de trop nombreux exemples. C’est ce que nous montrent Ibn Battuta ou Léon l’Africain et leurs récits et descriptions sont en accord avec ceux d’autres auteurs étrangers, comme Ali-Bey ou Jean Potocki, qui évoquent les réalités du Maroc à la fin du XVIIIème siècle. Ces derniers mentionnent ainsi l’interdiction faite aux juifs de monter à dos de mule dans une ville musulmane (car ils seraient alors placés au-dessus des musulmans) ou encore l’interdiction d’entrer dans la ville de Fès à moins de s’être déchaussés en signe de soumission. »

  • Al-Andalus et les chrétiens

« Muhammad ibn al-Razi (887-955), un des premiers historiens musulmans de la conquête musulmane, raconte que le fondateur de l’émirat de Cordoue, l’omeyyade Abd al-Rahman I, brûlait systématiquement les églises chrétiennes et les reliques. »

« La conquête musulmane a interrompu l’assimilation et l’adaptation de l’art romain et hispano-romain préexistant (…). Les historiens musulmans témoignent du zèle iconoclaste des premiers chefs omeyyades, comme Abd al-Rahman I. Selon l’historien al-Razi, ce chef fut impitoyable contre les « polythéistes, dénomination des chrétiens (…). Significativement, aucune église construite avant la reconquête catholique ne peut être trouvée aujourd’hui dans le sud de l’Espagne. (…) L’historien musulman al-Maqqari note que Abd-al-Rahman I, un homme pieux, fit démolir l’ancienne basilique de saint Vincent qui était le centre spirituel des catholiques de Cordoue. Ce chef musulman utilisa les matériaux de l’église démolie, ainsi que d’autres bâtiments romains et visigoths, pour construire la fameuse mosquée de Cordoue sur les ruines de l’église saint Vincent. (…) Al-Razi, un des premiers historiens de l’Espagne musulmane, nous apprend que l’église saint Vincent était le dernier endroit où les chrétiens pouvaient prier à Cordoue. Les musulmans avaient pris la ville des années avant et avaient détruit toutes les autres églises dans et aux alentours de Cordoue, utilisant les ruines pour construire des mosquées. Avec l’argent qu’Abd al-Rahman I donna aux chrétiens pour lui remettre l’église saint Vincent dans un marché qu’ils ne pouvaient pas refuser, les chrétiens bâtirent une autre église, mais en dehors des murs de la ville, le seul endroit où les chrétiens étaient autorisés à la construire. »

« Les persécutions survenues entre le règne d’Abd al-Rahman II (822-852) et celui de Mohammed Ier (852-886) ont été marquées par un vaste mouvement de martyrs mozarabes, qui ont résisté passivement aux mesures discriminatoires dont ils étaient victimes. Ces persécutions ont abouti à la mort de saint Euloge, saint Alvaro, saint Parfait et saint Isaac, exécutés pour « istyifaf » (ensuite publique envers l’islam), ainsi qu’à celles de bien d’autres victimes, condamnées pour les mêmes motifs. Ces événements ne suffisent pas, cependant, à fustiger l’islam andalousien dans son ensemble, même si l’on ne peut ignorer la gravité de tels faits, qui sont connus de tous bien qu’ils soient parfois minimisés. La déformation professionnelle propre aux arabisants ne doit pas nous amener à excuser n’importe quel crime commis par des Arabes ou des musulmans. Cette indulgence excessive se retrouve chez Bernard Lewis lorsqu’il analyse les représailles contre les juifs et les chrétiens suite aux croisades ou encore chez Manuela Marin, qui évoque précisément les persécutions de Cordoue. Nous devons appliquer la même rigueur, la même tolérance ou, mieux encore, adopter la même distance à l’égard des crimes des chrétiens et ceux des musulmans. Ce principe semble évident mais malheureusement trop souvent il est presque surprenant de le voir appliquer. »

« L’abondante bibliographie dont nous disposons nous montre certes que d’importantes communautés mozarabes ont survécu à Tolède, Cordoue, Séville ou Mérida. Il est cependant tout aussi vrai qu’au début du XIIème siècle, les chrétiens de Malage et de Grenade ont été déportés en masse vers le Maroc ; que l’on autorisait rarement la construction ou la restauration de nouvelles églises et synagogues ; ou que l’on interdisait de faire sonner les cloches. Ne nous arrêtons par sur les périodes de persécution ou d’extermination directe des chrétiens – comme lors des massacres de Cordoue, entre 850 et 859, au cours desquels saint Euloge a été décapité, ou à Grenade, au XIIème siècle, lorsque la communauté chrétienne a été anéantie par Abd al-Mumin. Intéressons-nous plutôt à la pression permanente et subreptice que subissait au quotidien la population chrétienne soumise. L’attitude fondée sur la méfiance, l’insécurité et la haine dont ont fait preuve Ibn Battûta au XIVème siècle lors d’un séjour à Byzance plonge ses racines dans une conception très particulière des relations avec les chrétiens, minorité tantôt supportée en tant que moindre mal, tantôt absorbée ou éliminée mais jamais traitée avec cordialité. Les églises chrétiennes d’al-Andalus ont pu subsister mais une condamnation morale pesait sur elles en permanence comme le montre Ibn Abdun. »

« Nous ne nous attarderons pas davantage sur le martyre répété des religieux qui, dans la Grenade nasride (celle-là même qui édifiait les superbes palais de l’Alhambra), osaient prêcher la foi chrétienne. Rappelons cependant l’immixtion directe, l’oppression constante dont souffrait une minorité écrasée et qui se traduisait par exemple dans l’obligation faite à l’« almotacen » de surveiller les femmes chrétiennes pour qu’elles n’influencent pas les croyances des enfants musulmans. »

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (19) La dhimmitude : un statut « protecteur » et donc avantageux

  • Problématique

Le Coran proclame sans ambiguïté la supériorité des musulmans sur les non-musulmans et donc l’inégalité des communautés humaines.

Coran, sourate 3, verset 110. Vous [musulmans] formez la meilleure communauté qui ait surgi parmi les hommes : vous ordonnez le convenable, vous interdisez ce qui est blâmable et vous croyez en Allah. (…)

Coran, sourate 3, verset 139. Ne perdez pas courage, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais musulmans.

La conséquence naturelle et logique de cette supériorité est l’existence d’un statut de citoyen de seconde zone, le statut de « dhimmi », dans lequel le dhimmi doit se soumettre à l’autorité musulmane et payer un impôt spécial, la jizya.

Coran, sourate 9, verset 29. Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit, ceux qui ne professent pas la religion de la vérité alors qu’ils ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation [jizya] de leurs propres mains après s’être humiliés.

La Sîra mentionne les propos de Mahomet : « Si un juif ou un chrétien se convertit à l’islam, il compte parmi les croyants, avec les mêmes privilèges et les mêmes obligations qu’eux. Celui, en revanche, qui reste juif ou chrétien, on ne peut le contraindre à quitter sa religion. Mais, dans tous les cas, il doit payer un tribut d’un dinar, qu’il soit mâle ou femelle, qu’il soit libre ou esclave. En échange de ce tribut [jizya], il aura la protection de Dieu et de son Envoyé. Sinon, il sera considéré comme l’ennemi de Dieu et de son envoyé. » 

Mais c’est par le traité d’Omar que le statut de dhimmi est généralement connu. Ce statut serait apparu au VIIème siècle : en 637 après JC, le patriarche chrétien de Jérusalem livra la ville à l’armée musulmane d’Omar. Un traité, dit Traité d’Omar, fut alors signé avec ce calife afin de fixer les conditions dans les lesquelles les chrétiens et les juifs étaient autorisés à vivre en pays musulman. Ce traité assujettissait juifs et chrétiens à l’autorité musulmane, mais leur garantissait un traitement meilleur qu’aux autres ennemis de l’islam, par la reconnaissance de droits privés (mais pas politiques), les autres mécréants n’ayant de choix qu’entre la conversion ou la mort. Les dhimmis étaient ainsi protégés des masses musulmanes qui avaient interdiction de porter atteinte à leur intégrité physique. C’est ce que rappelle l’émission de France 2 sur le judaïsme du dimanche 19 février 2017

France 2 Judaisme 170219 Dhimma et protection

S’agissant de la référence mentionnée par Josy Eisenberg concernant le qualificatif « de singes et de porcs » employé vis-à-vis des juifs et des chrétiens, elle peut surprendre mais elle est tout à fait exacte. Elle correspond à un passage du Coran où Mahomet s’adresse aux juifs médinois, que Mahomet haïssait, et aux chrétiens, juifs et chrétiens étant maudits par Allah.

Coran, sourate 5, verset 59. Dis [Allah s’adresse à Mahomet] : « Ô gens du Livre ! Que nous reprochez-vous si ce n’est croire en Allah, à ce qu’on a fait descendre vers nous et à ce qu’on a fait descendre auparavant ? La plupart d’entre vous sont des pervers ! »

Coran, sourate 5, verset 60. Dis : « Vous informerai-je que la rétribution auprès d’Allah sera pire que cela ? Allah transforme en singes et porcs ceux qu’il a maudits, qui ont encouru Sa colère, qui ont adoré le Taghout : ceux-là ont la pire place et sont les plus égarés hors du chemin droit ».

Ce statut de dhimmi s’explique par la filiation monothéiste à laquelle appartiennent les juifs et les chrétiens, filiation qui rend délicate doctrinalement pour l’islam leur conversion forcée ou leur mise à mort comme pour les autres mécréants. Le choix qui leur est proposé est donc simple : la conversion volontaire ou la soumission, comme l’indique Tareq Oubrou : « C’est dans une configuration géopolitique ou régnait une hostilité potentielle permanente que le droit canonique musulman classique a été forgé. Il n’offrait qu’une seule alternative : se convertir ou entrer en dhimma. La grave erreur des générations suivantes de canonistes fut de transformer ce droit circonstanciel en un droit sacré, infaillible. »

Le dhimmi n’est certes pas obligé de participer militairement à la défense de la communauté musulmane dans laquelle il vit, mais il s’agit bien d’un statut dévalorisant et humiliant car il ne saurait être question en islam de placer les musulmans sur un pied d’égalité avec les juifs ou les chrétiens qui sont des égarés volontaires du fait de leur refus de reconnaître la vérité de l’islam. L’émission précitée rappelle la perception humiliante de ce statut qu’en ont toujours eu les juifs, et qui s’exprimait par la coutume de la « gifle » :

France 2 Judaisme 170219 Dhimma gifle

Ce statut de dhimmi créé par l’islam a ainsi cristallisé doctrinalement l’infériorité des juifs et des chrétiens en terre d’islam, ce qui a imprégné pendant des siècles les mentalités au point, si l’on en croit l’émission précitée, de rendre quasi naturelle l’insulte de « sale juif » en terre d’islam :

France 2 Judaisme 170219 Le probleme des juifs

Aussi, voyons comment Tareq Oubrou présente de son côté les choses.

  • La présentation donnée par Tareq Oubrou

Tareq Oubrou indique : « L’islam a fixé le statut juridique de « dhimmi » ou mu’âhid (autre nom de « dhimmi » signifiant le « pactisant », celui qui s’engage à vivre en paix avec les musulmans), dont bénéficiaient les gens du Livre, c’est-à-dire les juifs et les chrétiens. (…) La dhimma est une catégorie de citoyenneté embryonnaire ou inachevée. (…) La philosophie de cet impôt lié à la dhimma (« jizya ») est résumée par la règle canonique suivante : « Pour la défense de la nation, les musulmans versent leur sang et les minorités religieuses versent un impôt ». Cette règle instaure, au fond, une sorte d’objection de conscience avant la lettre. »

Effectivement, la conversion n’est pas obligatoire pour les juifs et les chrétiens sous réserve qu’ils se soumettent à l’autorité musulmane. Mais limiter la signification du paiement de la jizya à la seule contrepartie de l’exemption de l’engagement militaire est une présentation orientée et fallacieuse car 1) cela n’a aucun rapport avec l’objection de conscience pour les Gens du Livre puisque ceux-ci n’ont pas le choix d’être soumis ou non à ce statut 2) Le statut de dhimmi s’accompagne de mesures vexatoires et humiliantes, précisément décrites dans la jurisprudence musulmane et passées ici sous silence. Le statut de dhimmi est clairement un statut d’infériorité manifeste et publique par rapport aux musulmans ; c’est loin d’être un simple statut « inachevé » à visée humaniste.

En revanche, il est vrai que ce statut, bien que « protecteur », n’a pas suffi à éviter des mesures encore plus humiliantes, voire de véritables persécutions des minorités religieuses en terre d’islam, ce que Tareq Oubrou reconnaît clairement : « Le concept de dhimma visait à l’origine à mettre les juifs, les chrétiens et les autres minorités à l’abri des conversions forcées et à leur garantir la dignité humaine. Malgré son aspect humaniste, en phase avec l’époque, il fut souvent mal interprété et mal appliqué. Ainsi, au cours de l’histoire musulmane, des exactions furent commises à l’égard de ces minorités, fréquemment pour des motifs d’ordre économique et politique. »

  • Conclusion

Le statut infériorisant et humiliant des mécréants en terre d’islam au travers du statut de « dhimmi », sorte de statut d’« Untermensch », de sous-homme, est tellement clair qu’il est impossible de le réfuter. Il imprègne, et c’est logique d’un point de vue doctrinal, toute la culture musulmane par le système de classement humain dont il est l’expression et qui rappelle de sinistres souvenirs. Sans ce sentiment profond, le génocide de 1,5 million de chrétiens arméniens par les Turcs musulmans aurait-il été possible en 1915 ? Une mise en bouche avant le nazisme ?

Il est facile de comprendre dans ce contexte comment le regard d’un mécréant, être inférieur et qui devrait donc baisser le regard, peut rapidement devenir encore de nos jours un « mauvais regard » avec des conséquences incalculables.

Quant au terme de « protection » utilisé pour faire croire qu’il s’agit d’une faveur accordée aux juifs et aux chrétiens par rapport aux musulmans, il est tout à fait trompeur. C’est un statut évidemment de soumission. Il suffit d’interroger les minorités non-musulmanes du Moyen Orient encore aujourd’hui pour en saisir tous les détestables relents.

Les leçons de taqiya de Tareq Oubrou : (18) Le jihad est un combat défensif

  • Problématique

Le caractère offensif du jihad de Mahomet est une évidence pour toute personne qui lit la biographie de Mahomet. J’ai eu l’occasion de revenir sur ce point dans maints articles sur ce site. Voyons ce que dit Tareq Oubrou.

  • La thèse de la légitime défense

Tareq Oubrou recourt à l’argument habituel du « point de contrainte en religion » : « Une vérité n’a pas besoin d’être imposée par la violence : elle s’impose aux esprits par des arguments. (…) Une vérité coranique n’oblige d’ailleurs que celui qui en est convaincu : « Point de contrainte en religion. Le chemin juste s’est désormais distingué de celui de l’égarement. » (sourate 2, verset 256) S’il arrivait que les épées soient tirées de leur fourreau, c’était pour défendre la foi, non pour l’imposer : elle n’en a pas besoin. »

Or Tareq Oubrou oublie de mentionner que ce verset correspond précisément (il est mentionné explicitement dans la biographie de Mahomet) à la période où Mahomet tentait de rallier à lui les juifs, juifs qui lui ont finalement ri au nez. Peu de temps après, Mahomet persécutait ou massacrait les juifs de Médine… (http://islametoccident.fr/?p=723)

D’ailleurs, l’argumentation de Tareq Oubrou ne semble pas claire puisqu’il écrit également : « Il a fallu attendre la fin du XIIIème siècle et le début du XIVème, avec Ibn Taymiyya et son disciple Ibn Qayyim, pour que soit revisité le concept de djihad offensif. Ils défendaient l’idée selon laquelle les musulmans doivent combattre les non-musulmans pour leur hostilité et non leur incroyance. (…) Sur la base de cette timide avancée, un nombre croissant de savants canonistes contemporains, pourtant classiques, voire conservateurs, ont commencé à remettre en cause de manière plus tranchée l’idée de djihad militaire offensif. »

  • Conclusion

Pour en finir avec tous les discours ambigus et confus, qui instrumentalisent le mensonge par omission, je suggère d’en revenir à la position claire et intelligible de ce vénérable imam, qui exprime sans excès particulier la doctrine orthodoxe de l’islam vis-à-vis des non-musulmans – c’est-à-dire la conversion, la jizya (pour les « dhimmis ») ou la mort –, dans une forme de sermon habituelle en islam orthodoxe :

Al Aqsa 150501

Pour mémoire, l’attitude de l’islam vis-à-vis des « dhimmis » (juifs et chrétiens) est effectivement définie ainsi par le Coran :

Coran, sourate 9, verset 29. Combattez (…) ceux qui ne professent pas la religion de la vérité alors qu’ils ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation de leurs propres mains après s’être humiliés.

La Jurisprudence chaféite précise de son côté que le refus d’assujettissement au statut de « dhimmi » – citoyen de seconde classe – entraîne rupture du pacte et de facto état de guerre avec les musulmans qui autorise à tuer les juifs et les chrétiens : « Si des non-musulmans sujets de l’État Islamique [califat] refusent de se conformer aux règles de l’islam, ou de payer l’impôt sur les non-musulmans, alors l’accord avec l’État est violé (mais si seulement un parmi eux désobéit, cela le concerne seul). »

Dhimmitude en terre d’islam et génocide chrétien en Turquie : un rappel

Extrait du reportage d’Arte diffusé le 17 mai 2016 et intitulé « La fin des chrétiens d’Orient ? » : quelques rappels sur la conditions des chrétiens d’Orient dans le monde musulman et notamment en Turquie.

La fin des chretiens Orient 160517 Dhimmitude et genocide

La fin des chretiens Orient 160517 Dhimmitude et genocide

L’extermination des Yézidis : statut dans la doctrine de Mahomet

  • Le sort terrible des Yézidis dans le Moyen-Orient d’aujourd’hui

Les Yézidis subissent aujourd’hui au Moyen-Orient un sort terrible : ils sont pourchassés ou exterminés. Le reportage d’Arte diffusé le 17 mai 2016 le rappelle :

La fin des chretiens Orient 160517 Yezidis

La fin des chretiens Orient 160517 Yezidis

  • Exterminer les Yézidis en application de la règle coranique

En appliquant l’islam du Coran et de Mahomet, l’État Islamique considère que les Yézidis sont de simples mécréants comme les autres et ne font pas partie des Gens du Livre : de leur point de vue, il est donc normal qu’ils les persécutent. Ce choix de considérer les Yézidis comme des mécréants qui ne peuvent pas bénéficier du statut de dhimmi résulte non d’une folie meurtrière incontrôlée mais d’une étude religieuse spécifique avec le souci pour l’État Islamique d’appliquer le mieux possible les règles énoncées par le Coran et la Tradition sur le sort à réserver aux non-musulmans, et qui sont :

– pour les Gens du Livre (essentiellement juifs et chrétiens) : la conversion ou le statut d’humiliation de la « dhimmitude » (avec paiement aux musulmans d’un impôt spécifique, la jizya) ;

– pour les autres non-musulmans : la conversion ou la mort.

Sourate 9, verset 29. Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, ceux qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit, ceux qui, parmi les gens du Livre, ne professent pas la religion de la vérité. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils versent la capitation de leurs propres mains, après s’être humiliés.

Cette violence n’a rien de choquant dans la doctrine musulmane : rappelons que la biographie de Mahomet d’Ibn Hîcham, reconnue par tous les musulmans, décrit précisément comment Mahomet a exécuté par égorgement entre 600 et 900 prisonniers juifs à Médine, exemple suivi par l’État Islamique qui a décapité 21 chrétiens coptes sur les rives de Libye en 2015. Le Coran fait précisément référence à cet épisode :

Sourate 33, verset 26. Allah a fait descendre de leurs fortins ceux des Gens du Livre ayant prêté assistance aux Factions. Il a jeté l’effroi dans leurs cœurs : un groupe d’entre eux vous avez tué [les hommes] et un groupe vous faisiez prisonnier [les femmes et les enfants].

Le Coran incite de façon générale à cette violence puisqu’il s’agit, avec la grâce d’Allah, de jeter l’effroi dans le cœur des mécréants :

Sourate 8, verset 12. Rappelez-vous quand ton [s’adresse à Mahomet] Seigneur inspirait les anges en leur disant : « Je [Allah] suis avec vous : affermissez donc les croyants. Je vais jeter l’effroi dans les cœurs des mécréants. Frappez leurs cous ; frappez-les sur les doigts. »

  • Les Yézidis doivent-ils être considérés comme des Gens du Livre ?

Le sort des Yézidis dépend donc de leur statut au regard de l’islam : peuvent-ils être considérés comme appartenant au Gens du Livre pour échapper à la mort promise par Mahomet ?

L’analyse de l’État Islamique est la suivante : « Avant la prise de Sinjar, on a imposé aux étudiants en chari’a de l’État Islamique d’étudier profondément les Yézidis afin de déterminer s’ils devaient être considérés comme un groupe à l’origine associateur ou comme un groupe à l’origine musulman et qui par la suite a apostasié, en se basant sur les nombreuses règles islamiques qui doivent être appliquées sur le groupe, ses individus, et leurs familles. (…) Après des recherches plus approfondies, il a été prouvé que ce groupe existait durant la période pré-islamique jahiliya, puis il a été « islamisé » par un environnement fait de sa population musulmane, de sa langue, de sa culture (…). La source apparente de cette religion a été trouvée dans le zoroastrisme de la Perse ancienne, qui a été réinterprété avec des éléments des Sabéens, du judaïsme et du christianisme, pour finalement être exprimé dans un vocabulaire hérétique du soufisme extrême. Par conséquent, l’État Islamique a traité ce groupe de la manière dont doivent être traités les associateurs selon la majorité des savants du fiqh [droit islamique]. Ils ne sont pas comme les juifs ou les chrétiens. Il n’y a pas de place pour eux dans le paiement de la jizya [c’est-à-dire qu’on leur applique le principe : la conversion ou la mort]. »

En conséquence, les Yézidis subissent le sort que Mahomet imposait aux mécréants associateurs, ce qui donne ceci dans le langage de l’État Islamique (les hommes étant tués) : « Après la capture, les femmes yézidies et les enfants sont divisés selon la chari’a parmi les combattants de l’État Islamique qui ont participé aux opérations de Sinjar, un cinquième de ces esclaves étant transféré aux autorités de l’État Islamique pour être distribué en tant que cinquième du butin [pratique établie par Mahomet à la suite de l’extermination des juifs Banû Quraydha] . »

De la même façon, l’État Islamique considère que « Les druzes ne font pas partie de la dhimma et sont pires que les juifs et les chrétiens, et s’ils se repentent et acceptent l’islam, les autorités musulmanes doivent rester prudentes en raison de leur pratique de la taqiya. »

L’État Islamique revendique avec fierté sa volonté de remettre en vigueur strictement les règles qui découlent directement de l’islam de Mahomet et de ses Compagnons, ceux-ci étant « eux-mêmes un exemple de suivi du Messager d’Allah ». Aussi, pour l’État Islamique, « Cette grande étape de mise en esclavage de familles mécréantes est probablement la première depuis l’abandon de cette loi islamique. Le seul autre cas connu – bien que d’une plus petite ampleur – est la mise en esclavage de femmes et d’enfants chrétiens aux Philippines et au Nigéria par les Moujahidin. Les familles yézidies asservies sont maintenant vendues par les soldats de l’État Islamique comme les mécréants étaient vendus par les Compagnons avant eux. De nombreuses règles reconnues sont appliquées, incluant l’interdiction de séparer la mère de son enfant. »

Ce traitement épouvantable correspond pour l’État Islamique à un impératif religieux conforme à la pratique du Prophète et à la tradition musulmane, comme le mentionnent les hadiths authentiques comme celui de Bukhari : « Allah s’émerveille d’une personne qui rentre au Paradis avec ses chaînes ». Ou cet autre : « Abu Hurayra au sujet de ce verset : « Vous aurez été la meilleure communauté jamais produite parmi les hommes » [sourate 3, verset 110], a dit : « Il s’agit là des meilleurs des gens voulant le bien pour les gens : vous les ferez venir la chaîne au cou pour les faire entrer dans l’islam ». »

  • Conclusion

Que répondre à la clarté des textes sacrés musulmans (Coran, hadiths, biographie de Mahomet) ?

Dhimmi : le statut

C’est par le traité d’Omar que le statut de dhimmi est généralement connu. Ce statut serait apparu au VIIème siècle : en 637 après JC, le patriarche chrétien de Jérusalem livra la ville à l’armée musulmane d’Omar. Un traité, dit Traité d’Omar, fut alors signé avec ce calife afin de fixer les conditions dans les lesquelles les chrétiens et les juifs étaient autorisés à vivre en pays musulman. Ce traité assujettissait juifs et chrétiens à l’autorité musulmane, mais leur garantissait un traitement meilleur (d’où le terme de « protégé ») qu’aux autres ennemis de l’islam, par la reconnaissance de droits privés mais pas de droits politiques.

On trouve des traces du statut de protégé (dhimmi) à l’égard des Gens du Livre dans une lettre écrite par Mahomet aux rois de Himyar qui avaient abandonné le polythéisme et s’étaient ralliés à l’islam. Il est possible qu’elle ait inspiré le statut établi ultérieurement par Omar.

La Sîra rapporte les propos de Mahomet : « Si un juif ou un chrétien se convertit à l’islam, il compte parmi les croyants, avec les mêmes privilèges et les mêmes obligations qu’eux. Celui, en revanche, qui reste juif ou chrétien, on ne peut le contraindre à quitter sa religion. Mais, dans tous les cas, il doit payer un tribut d’un dinar, qu’il soit mâle ou femelle, qu’il soit libre ou esclave. En échange de ce tribut, il aura la protection de Dieu et de son Envoyé. Sinon, il sera considéré comme l’ennemi de Dieu et de son envoyé. »

L’application de ce statut a connu des variations importantes selon les époques et les sociétés musulmanes. On peut noter que les pays occidentaux ont imposé que le traité de Lausanne de 1923, réglant le sort de la Turquie suite à la première guerre mondiale et l’effondrement de l’empire ottoman, contînt une section spécifique (section III) intitulée : « Protection des minorités ». Le premier alinéa de l’article 38 de cette section stipulait : « Le gouvernement turc s’engage à accorder à tous les habitants de la Turquie pleine et entière protection de leur vie et de leur liberté, sans distinction de naissance, de nationalité, de langue, de race ou de religion ». Le premier alinéa de l’article 39 stipulait : « Les ressortissants turcs appartenant aux minorités non-musulmanes jouiront des mêmes droits civils et politiques que les musulmans. »

Le statut de dhimmi semble avoir disparu en tant que statut officiel dans le monde musulman aujourd’hui mais pas en revanche l’idée qui le sous-tend, bien vivace, c’est-à-dire la supériorité de la communauté musulmane sur toutes les autres communautés humaines (cf. Supériorité).

À lire la jurisprudence chaféite, on retrouve des principes qui font clairement échos à des règles appliquées de nos jours, notamment dans certains pays de la péninsule arabique. Cela questionne sérieusement la réciprocité des droits des musulmans dans les pays occidentaux au regard des restrictions de droits imposées aux non-musulmans dans ces pays.

Section o11.5 « Ces sujets non-musulmans [ndlr soumis au statut de dhimmi]  doivent respecter les règles islamiques qui ont trait à la sécurité et à l’indemnisation de la vie, de la réputation et de la propriété. En outre :
(1) Ils sont punis s’ils commettent l’adultère ou le vol, mais pas pour ivresse ;
(2) Ils doivent se distinguer des musulmans par l’habillement, en portant une large ceinture (zunnar) ;
(3) Ils ne sont pas salués par le « as-Salamu ‘alaykum » ;
(4) Ils doivent pas occuper la meilleure place dans les rues ;
(5) Ils ne peuvent pas construire des bâtiments aussi ou plus hauts que des bâtiments musulmans, mais s’ils acquièrent une haute maison [déjà construite], elle n’est pas rasée ;
(6) Il leur interdit d’afficher à la vue du public du vin ou du porc, de sonner les cloches des églises ou de porter des croix visibles, de réciter autrement qu’intérieurement la Torah ou l’Évangile, ou de défiler publiquement pour des funérailles ou de fêter publiquement des jours de fête ;
(7) Il leur est interdit de construire de nouvelles églises. »

Les Gens du Livre : justification doctrinale de la nécessaire soumission et humiliation

Le Coran demande aux musulmans de combattre tous les non-musulmans, y compris par les armes (jihad ou « combat dans la voie d’Allah »). Les Gens du Livre (c’est-à-dire les juifs, les chrétiens et les zoroastriens) sont toutefois un peu mieux lotis que les autres non-musulmans en raison du fait que les Gens du Livre possèdent un Livre – même s’ils sont accusés d’en avoir vicié le sens -, alors que tous les autres non-musulmans n’en ont pas.

Coran, sourate 3, verset 19 : « La religion, aux yeux d’Allah, c’est l’islam. Ceux auxquels le Livre a été apporté ne se sont disputés, par agressivité, qu’après avoir reçu la science. Quiconque ne croit pas aux signes d’Allah, Allah est prompt à lui demander des comptes ! »

Aussi les Gens du Livre peuvent avoir la vie sauve sous réserve de se soumettre aux musulmans en payant un impôt spécifique (la capitation ou « jizya« ) et d’accepter l’autorité musulmane (avec toutes les règles juridiques, civiles,… afférentes). Cette tolérance et ses conditions d’application restent néanmoins très variables. Cette soumission, une fois acceptée par les musulmans, permet aux Gens du Livre de bénéficier d’une certaine forme de protection eu égard au sort réservé à tous les autres non-musulmans, qui sont sans droits. Le terme de « dhimmi » veut ainsi dire « protégé ».

Coran, sourate 9, verset 29 : « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. »

Cette organisation religieuse et sociale est un principe très clair en islam. La jurisprudence chaféite indique :

Section o9.8 « Le calife fait la guerre aux juifs, aux chrétiens et aux zoroastriens après les avoir invités à se convertir à la foi et à la pratique islamiques, et, cas de refus, après les avoir invité à entrer dans l’ordre social islamique en payant l’impôt des non-musulmans, la jizya (…) en accord avec ce qu’Allah a dit : « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. » (…). »

Section o9.9 « Le calife combat tous les autres peuples jusqu’à ce qu’ils se convertissent à l’islam, car ils n’ont pas de Livre, ne sont pas honorés à ce titre et ne sont pas autorisés à s’établir en payant la jizya (…). »

La jurisprudence malikite indique pour sa part : « Mâlik a dit : « Il est de la Sunnah de ne pas imposer l’impôt aux femmes des gens du Livre ni à leurs enfants. Il est obligatoire pour les hommes pubères. (…) L’aumône [ndlr zakat] n’a été en principe demandée aux musulmans que dans le but de les purifier pour qu’ils la donnent aux pauvres. Et cette capitation [ndlr jizya] a été imposée aux gens du Livre pour les humilier ».

Le commentateur contemporain de la jurisprudence malikite, le cheikh Muhammad Diakho, tente de circonstancier le sens de cette humiliation imposée aux Gens du Livre : « Cette volonté d’humilier les gens du Livre avait effectivement ses raisons d’être dans le temps historique et l’espace géographique qui s’explique aisément par les antagonismes qui accompagnaient la naissance d’une nouvelle religion. Si donc, comme dit l’imam Mâlik, cette « volonté d’humilier » était le but recherché (‘Illatu-l-kuhm), et si le temps et l’espace le justifient, il n’est pas nécessaire de comprendre de cette prescription qu’elle soit universelle, valable pour tout temps et espace. Dans les nouvelles conditions de cohabitation entre les diverses communautés religieuses dans les pays musulmans où les valeurs du respect mutuel, de l’entente et de la fraternité humaine sont fortement suggérées, rien n’est plus bénéfique à l’islam et aux musulmans que de circonstancier une certaine compréhension conflictuelle des textes scripturaires. »

La grande difficulté avec cette volonté d’atténuation du souci de la religion d’amour et de paix d’humilier les non-musulmans est qu’on ne voit pas bien sur quelle base doctrinale elle repose (même si on comprend bien l’objectif qui est de rendre acceptable l’islam par les non-musulmans) : le comportement de Mahomet qui demandait à ce que soient humiliés les Gens du Livre n’était-il pas exemplaire ?