La question du partage du butin était habituelle au sein des tribus d’Arabie et pouvait conduire à rivalités et des divergences au sein des tribus. Il fallait donc que Mahomet clarifie les choses au sein de ses troupes.
Comme l’indique Malek Chebel, « Pour une religion qui se construisait à partir de maigres ressources, il était obligatoire que la question du butin et des acquis soit traitée dès le début. C’est exactement ce que fait le Coran en rappelant les éléments d’appréciation de ces gains, leur distribution et la liste des personnes prioritaires qui en bénéficient. »
La sourate du Coran n°8 portant le titre « le butin » (Al-Anfal) contient des dispositions précises sur le partage du butin :
Coran, sourate 8, verset 1 : « Ils t’interrogent au sujet du butin. Dis : « Le butin est à Allah et à son messager. » Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à son messager, si vous êtes croyants. »
Coran, sourate 8, verset 41 : « Sachez que, de tout butin que vous avez pris, le cinquième appartient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs, si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons révélé à notre serviteur, le jour où l’on discerna entre les hommes justes et les incrédules (…). »
Ces versets du Coran sont le reflet de certains événements décrits précisément par la Sîra, notamment le partage du butin de Khaybar et celui résultant de l’extermination des juifs Banû Quraydha (voir Extermination des Banû Quraydha).
Partage du butin de Khaybar : « La répartition du butin de Khaybar se fit de la façon suivante : le cinquième appartenait à Dieu ; il revenait au Prophète, à sa famille, à ses proches et servait à nourrir les orphelins, les pauvres et les épouses du Prophète. Les quatre autres cinquièmes étaient répartis entre les musulmans. Quant au butin de Fadak, il revint tout entier au Prophète, parce que Dieu avait semé la terreur dans le cœur de ses habitants, lorsqu’ils apprirent le sort réservé aux juifs de Khaybar. »
Partage du butin des Banû Quraydha : « Le Prophète fit ensuite le partage des femmes, des enfants et des biens des Banû Quraydha entre les musulmans. Avant tout partage, il prit pour lui le cinquième du butin, puis il établit les règles de la répartition : deux actions pour un cheval, une action pour son cavalier, une action pour le fantassin. Les cavaliers ayant pris part à l’extermination des Banû Quraydha étaient au nombre de trente-six. C’était le premier butin auquel s’appliquait cette règle du cinquième pour le Prophète et de la répartition par actions des quatre cinquièmes. Ce principe fut adopté par la suite pour le partage du butin après toutes les expéditions et les conquêtes. »