Le vol des mécréants par les musulmans est-il autorisé ?

L’adieu à la nuit, film d’André Téchiné (2019)
  • C’est grave de faire ça, Alex, c’est haram. D’abord voler et ensuite ta famille : c’est un double péché.
  • Alors on fait quoi ? on part pas ? On reste ici ? L’argent qui nous manque, je ne peux pas l’inventer Lila.
  • Remarque c’est vrai que Muriel elle est pas croyante. Donc c’est pas vraiment du vol. Donc on peut dire qu’on a le droit.
  • Je ne sais pas : haram ou pas haram, tu n’est plus qu’avec moi sur ça Lila. Alors on fait quoi ? C’est toi qui décides maintenant.
  • C’est une mécréante, donc c’est bon. Ça, je sais, on a le droit de voler les kouffars.

Le jihad dans le Coran : un décompte qui ne fait pas pencher la balance du bon côté

  • Le jihad dans le Coran

Ghaleb Bencheikh, présentateur attitré de l’émission de France 2 « Islam » diffusée le dimanche matin sur France 2 et intervenant principal d’une conférence sur le mot « jihad » organisée par la société des amis de l’Institut du Monde Arabe en octobre 2016, défend l’idée que le sens principal du mot « jihad » ne serait pas « guerre » mais « effort ». Cet argument ne résiste pas à la lecture de la jurisprudence des grandes écoles juridiques de l’islam mais c’est à peu près le seul qui existe pour tenter de défendre aujourd’hui l’idée que l’islam serait une religion d’amour et de paix alors même que le terrorisme musulman frappe régulièrement dans le monde.

Néanmoins, même Ghaleb Bencheikh ne semble pas vraiment convaincu par son propre argument puisque le décompte qu’il établit des versets du Coran mentionnant le mot « jihad » ne semble guère probant tant sont nombreux les versets renvoyant peu ou prou à la guerre. Ce décompte est en effet le suivant :

« 41 occurrences construite sur la racine J/H/D : 5 dont on ne sait pas trop à quoi cela renvoie (l’idée peut-être d’accomplir un effort) ; 19 dans le champ martial, guerrier ; 2 dans un autre contexte ; 1 dans un contexte étonnamment on ne peut plus non-violent ; le reste [14] dans le champ sémantique effectivement de la guerre mais le mot ne veut pas dire guerre ».

Amis IMA Jihad 161010 Decompte versets

  • Le Coran, profondément marqué par ses origines tribales

Un autre intervenant confirme la dimension très superficielle d’« effort intérieur », qui est en réalité bien postérieure : « Le mot « jihad » est né dans un monde tribal où cela veut dire, grosso modo, un « effort », un « engagement », en général plutôt dans des batailles, dans des conquêtes ou dans des défenses. (…) » et rappelle d’ailleurs à juste titre que «  (…) le Coran [qui] s’inscrit directement dans ce monde tribal (…) ». L’intervenant enfonce d’ailleurs le clou : « On combat pour gagner du butin, pour avoir des conquêtes, essentiellement, et le Coran, et l’islam lui-même s’inscrit dans cette tradition (…) »

Amis IMA Jihad 161010 Decompte versets

Ainsi, pourquoi faudrait-il s’étonner que le « jihad » signifie essentiellement « guerre au nom de la religion », « combat armé dans la voie de Dieu » selon la terminologie habituelle ? En réalité, il est naturel que des tribus bédouines coutumières des razzias, pillages de caravanes, rapines diverses, etc. aient facilement intégré dans leur culture une dimension religieuse si celle-ci leur permettait de conclure des alliances plus solides et de motiver leurs troupes pour l’obtention de résultats plus profitables.

  • Conclusion

Toute la culture tribale originelle dans laquelle a été écrite le Coran justifie naturellement le penchant guerrier de l’islam et la facilité à assortir la guerre d’une connotation religieuse. Les tentatives visant à dissocier l’islam de la guerre au nom de la religion paraissent bien dérisoires et désespérées tant cela conduit à nier la réalité des faits historiques ou contemporains.

Pas de quoi s’étonner donc qu’une sourate du Coran, et non des moindres, ait pour titre « le butin » : pour une religion d’amour et de paix, quoi de plus naturel et de plus évident !

Conférences sous l’égide de la Société des Amis de l’IMA : un cycle intéressant

La société des Amis de l’I.M.A. (Institut du Monde Arabe) a organisé fin 2016 puis en novembre 2017 un cycle de 5 conférences consacré à l’explication de quelques grandes notions : islam, fatwa, chari’a, jihad, salafisme. Ces conférences sont disponibles sur youtube.

Ces conférences sont tout à fait intéressantes, en particulier en raison des questions posées par le public qui disposait, ce qui n’est pas toujours le cas dans les conférences de ce type, d’un temps réellement significatif pour échanger avec Ghaleb Bencheikh, intervenant régulier à l’I.M.A. et présentateur attitré avec une autre personne de l’émission « Islam » diffusée le dimanche matin sur France 2. Ces questions expriment me semble-t-il un profond malaise, compris au sein de la communauté musulmane, sur la place et le sens de l’islam dans les communautés humaines et son rapport aux civilisations occidentales.

Je me propose sur ce site de ne revenir dans quelques articles que sur quelques points abordés lors de ces conférences, l’analyse de Ghaleb Bencheikh étant intéressante car celui-ci fait partie de l’élite musulmane cultivée, éprise de progrès, et qui n’hésite pas à formuler sur sa propre religion des critiques dures et potentiellement très dangereuses personnellement.

Amis IMA Charia 161107 Critique islam

Même si on ne partage pas toute son analyse, qu’on peut juger parfois un peu utopiste dans son souci de progrès, on peut l’écouter avec beaucoup d’intérêt.

Ce souci de progrès dans le cadre d’une démarche volontariste apparaît d’ailleurs assez clairement au niveau des de la Société des amis de l’IMA à l’origine de cette bonne initiative, animée d’intentions louables pour diffuser la bonne parole, mais qui assène parfois des vérités discutables, comme l’absence de fondement religieux à la conquête musulmane ou la vision merveilleuse de la cohabitation entre l’islam et les deux autres religions monothéistes (l’intervenant reconnaissant curieusement par ailleurs sa faible compétence).

Amis IMA Islam 160905 Conquete

La question financière dans la naissance de l’islam

Si l’accueil de l’islam par les tribus arabes de La Mecque fut mauvais, au point que Mahomet dut décider de partir pour Médine avec ses quelques dizaines de partisans (sans avoir été persécutés, quoique cette légende tenace soit entretenue pour expliquer ensuite la violence barbare de Mahomet), il apparaît, selon la biographie de Mahomet d’Ibn Hîcham, incontestée en islam, que ceci a été dû essentiellement à des questions autres que religieuses, notamment de pouvoir et financières.

Mahomet proposait en effet une copie du judaïsme sans grande nouveauté théologique mais qui dérangeait évidemment par son monothéisme strict le culte des idoles de la Ka’ba qui faisait l’objet d’un commerce fructueux dont bénéficiaient les Quraychites. Ces préoccupations bien terre à terre sont assez éloignées de grands débats spirituels ou religieux. Il est rare de voir rappeler ce point de façon aussi claire à la télévision (émission de France 2 « Vivre l’islam » de décembre 2016).

France 2 Islam 161218 Tawhid 1 Extrait 1

Cela étant, Mahomet est loin d’avoir été lui aussi indifférent aux questions financières puisqu’il pratiqua la razzia et établit des règles stables de partage du butin qu’on retrouve d’ailleurs explicitement dans le Coran (sourate 8).

Les femmes capturées par les musulmans peuvent être violées ou vendues

On sait que Mahomet et ses partisans conduisirent de nombreuses batailles, razzias, dont un des objectifs principaux étaient notamment de se procurer des biens et des femmes. Dans ce cas, les femmes captives deviennent esclaves et sont donc soumises au bon vouloir de leur maître qui peut les violer comme bon lui semble, sous réserve de respecter le délai imposé par Mahomet pour s’assurer de la pureté de la femme. Il n’y a d’ailleurs pas de raison a priori pour que Mahomet ait procédé différemment avec les femmes captives qu’il s’attribuait.

La Sîra précise en effet : « L’Envoyé d’Allah fit faire prisonnières [ndlr lors de la bataille de Khaybar] Saffiya bint Huyayy, elle était la femme de Kinana Ibn al-Rabi, ainsi que deux de ses cousines du côté paternel. L’Envoyé d’Allah choisit pour lui-même Saffiya. Dihyah Ibn Khalifa al-Kalbi avait auparavant demandé à l’Envoyé d’Allah de lui donner Saffiya, mais quand l’Envoyé d’Allah l’a choisie pour lui-même, il donna à Dihyah ses deux cousines. Les autres femmes captives furent distribuées aux autres musulmans. (…) Ibn Ishâq dit : Abdallah Ibn Abi Nujayh m’a rapporté sur l’autorité de Makhul que l’Envoyé d’Allah leur interdit ce jour-là quatre choses : 1) s’accoupler avec les femmes captives enceintes ; (…) L’Envoyé d’Allah a dit : « Il n’est pas licite à un homme qui croit en Dieu et en le Jour dernier d’arroser par son sperme le sperme d’autrui – c’est-à-dire de s’accoupler avec les femmes captives enceintes. Il n’est pas licite à un homme qui croit en Dieu et au Jour dernier de s’accoupler avec une femme captive [ndlr c’est-à-dire, concrètement, de la violer] avant de s’assurer qu’elle est en état de pureté. »  »

La jurisprudence chaféite confirme : « Quand un enfant ou une femme deviennent captifs, ils deviennent esclaves du fait de la capture, et le précédent mariage des femmes est immédiatement annulé. »

Bien sûr, en dehors du viol, il y a aussi la vente, également pratiquée par Mahomet comme l’indique la Sîra « Ibn Ishâq dit : Puis, l’Envoyé d’Allah fit le partage des biens des Banû Quraydha (cf. banû Quraydha), de leurs femmes et de leurs enfants entre les musulmans. En ce jour, il indiqua les parts pour les cavaliers et les parts pour ceux qui combattirent à pied. (…) Ce fut le premier butin où on fit le partage en parts et où on déduisit le cinquième. C’est d’après cette règle et ce qu’a fait l’Envoyé d’Allah que se faisait désormais le partage du butin dans les campagnes. Puis, l’Envoyé d’Allah envoya Sa’d Ibn Zayd al-Ansair, frère des Banû Abd al-Ashhal à Najd avec des femmes captives de Banû Quraydha pour les vendre et acheter en échange des chevaux et des armes. »

L’État islamique ne fait donc rien d’autre qu’appliquer la doctrine de Mahomet à l’issue de ses combats, doctrine parfaitement justifiée par la pratique du Prophète et de ses Compagnons.

Le partage du butin

La question du partage du butin était habituelle au sein des tribus d’Arabie et pouvait conduire à rivalités et des divergences au sein des tribus. Il fallait donc que Mahomet clarifie les choses au sein de ses troupes.

Comme l’indique Malek Chebel, « Pour une religion qui se construisait à partir de maigres ressources, il était obligatoire que la question du butin et des acquis soit traitée dès le début. C’est exactement ce que fait le Coran en rappelant les éléments d’appréciation de ces gains, leur distribution et la liste des personnes prioritaires qui en bénéficient. »

La sourate du Coran n°8 portant le titre « le butin » (Al-Anfal) contient des dispositions précises sur le partage du butin :

Coran, sourate 8, verset 1 :  « Ils t’interrogent au sujet du butin. Dis : « Le butin est à Allah et à son messager. » Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous et obéissez à Allah et à son messager, si vous êtes croyants. »

Coran, sourate 8, verset 41 : « Sachez que, de tout butin que vous avez pris, le cinquième appartient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs, si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons révélé à notre serviteur, le jour où l’on discerna entre les hommes justes et les incrédules (…). »

Ces versets du Coran sont le reflet de certains événements décrits précisément par la Sîra, notamment le partage du butin de Khaybar et celui résultant de l’extermination des juifs Banû Quraydha (voir Extermination des Banû Quraydha).

Partage du butin de Khaybar : « La répartition du butin de Khaybar se fit de la façon suivante : le cinquième appartenait à Dieu ; il revenait au Prophète, à sa famille, à ses proches et servait à nourrir les orphelins, les pauvres et les épouses du Prophète. Les quatre autres cinquièmes étaient répartis entre les musulmans. Quant au butin de Fadak, il revint tout entier au Prophète, parce que Dieu avait semé la terreur dans le cœur de ses habitants, lorsqu’ils apprirent le sort réservé aux juifs de Khaybar. »

Partage du butin des Banû Quraydha : « Le Prophète fit ensuite le partage des femmes, des enfants et des biens des Banû Quraydha entre les musulmans. Avant tout partage, il prit pour lui le cinquième du butin, puis il établit les règles de la répartition : deux actions pour un cheval, une action pour son cavalier, une action pour le fantassin. Les cavaliers ayant pris part à l’extermination des Banû Quraydha étaient au nombre de trente-six. C’était le premier butin auquel s’appliquait cette règle du cinquième pour le Prophète et de la répartition par actions des quatre cinquièmes. Ce principe fut adopté par la suite pour le partage du butin après toutes les expéditions et les conquêtes. »

Le caractère licite du butin

Mahomet et ses partisans ont pratiqué dans le cadre de leurs expéditions ou de leurs guerres la coutume de la razzia qui visait à se procurer, des biens, des vivres et des femmes. Le pillage est en effet une pratique courante des musulmans avec Mahomet. Cette question est clairement abordée dans le Coran, notamment dans la sourate n°48 « La victoire » (Al-Fath) :

Coran, sourate 48, verset 15 : « Ceux qui sont restés en arrière diront, quand vous vous dirigerez vers le butin pour vous en emparer ; « Laissez-nous vous suivre ». (…) »

Coran, sourate 48, versets 18 & 19 : « Allah (…) les a récompensés par une prompte victoire ainsi que par un abondant butin. Allah est puissant et sage. »

Coran, sourate 48, versets 20 & 21 : « Allah vous a promis un abondant butin dont vous vous emparerez, et Il a hâté pour vous la victoire et détourné de vous les mains des gens, afin que tout cela soit un signe pour les croyants et qu’Il vous guide dans un droit chemin il vous a promis un autre butin que vous n’étiez pas capables de remporter et qu’Allah a embrassé en sa puissance, car Allah est omnipotent. »

La validité de l’appropriation du butin par un prophète, inhabituelle, résulte notamment des versets suivants :

Coran, sourate 8, verset 68 : « Si une prescription d’Allah n’était pas déjà intervenue, un énorme châtiment vous aurait touché à cause de la rançon que vous avez prise. »

Coran, sourate 8, verset 69 : « Mangez donc ce qui, dans le butin, est licite et bon. Craignez Allah, car Allah celui qui pardonne, le miséricordieux. »

Il est intéressant de noter que c’est à l’occasion d’une razzia qu’eut lieu la fameuse bataille de Poitiers en 732. L’émir de Cordoue Abd al-Rahman traversa les Pyrénées pour aller piller et saccager Bordeaux. Puis il se dirigea vers Tours pour y piller l’abbaye Saint-Martin dont on disait qu’elle recelait des trésors. Sur le chemin, il incendia à Poitiers l’église Saint-Hilaire. Une coalition sous la direction de Charles Martel, incluant des Alamans, des guerriers de Germanie, stoppa quelque part avant Poitiers les musulmans. L’émir fut tué dans les combats. Les raids musulmans se poursuivirent notamment dans la région de Narbonne et ce n’est qu’à la fin du VIIIème siècle que les musulmans furent définitivement repoussés au-delà des Pyrénées.