La Grande mosquée de Paris, par la voix de son recteur, Dalil Boubakeur, ancien haut responsable du Conseil Français du Culte Musulman, vient de publier le 28 mars 2017 un texte qu’il est tout à fait intéressant d’analyser car il s’adresse à la fois aux musulmans et aux non-musulmans.

Il s’agit d’une proclamation, c’est-à-dire, selon les thèmes abordés, une déclaration d’intention et/ou une reconnaissance solennelle de certaines réalités. Par ce texte, en effet, la Grande mosquée de Paris confesse la reconnaissance directe ou indirecte de certaines des difficultés de l’islam en France sans toutefois abandonner toujours, comme on va le voir, le déni de réalité.
Proclamation GMP 170328
- Le renouveau de l’orthodoxie musulmane
Avec la montée en puissance du fondamentalisme et du terrorisme musulmans, représentés notamment par Al Qaida et par l’État Islamique, l’islam de France s’était engagé devant le gouvernement français à produire un contre-argumentaire précis et documenté pour faire pièce au discours doctrinal très fourni de ces mouvements qui s’appuie sur des textes incontournables en islam. Nous l’attendons toujours.
En revanche, faute de produire ce contre-argumentaire, les représentants de l’islam de France ne manquent pas d’affirmer, sans fournir toutefois de preuves à l’appui, que l’islam véritable serait très différent de ce fondamentalisme, dont la Grande Mosquée de Paris reconnaît néanmoins « la montée en puissance, au sein de la communauté musulmane française » mais qui résulterait « d’une interprétation erronée de l’islam ». L’islam serait-il la seule religion que ses adeptes comprendraient aussi mal ? Car on ne voit guère et juifs, de chrétiens ou de bouddhistes tirer à la Kalachnikoff sur ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, ou leur foncer dessus à tombeau ouvert avec un camion.
Ce que voudrait la Grande Mosquée de Paris, c’est que les musulmans n’écoutent que les imams au discours officiel, politiquement correct, adoubés sans doute par elle-même : « Tout musulman doit prendre garde à ne pas chercher sa culture religieuse auprès de sources, de prédicateurs, de prêcheurs télévisuels, qui ne sont pas reconnus par les savants les plus respectés de la communauté. » Or le problème est que le discours des imams du monde arabo-musulman (Arabie Saoudite – terre sainte de l’islam –, Qatar, Iran, Égypte, etc.) est souvent beaucoup plus proche de celui des terroristes musulmans, qui s’appuie sur des textes authentiques et nombreux, que du discours souvent lénifiant de l’islam de France.
Enfin, on peut s’inquiéter tout à fait du constat fait par la Grande Mosquée de Paris s’agissant de l’intolérance religieuse qui semble être, à la lire, un penchant fréquent en islam : « Le musulman doit se prémunir en la matière du péché de vanité, qui consiste à donner des leçons à autrui sur ce qu’est un bon ou un mauvais musulman quand on n’a soi-même qu’une culture religieuse péremptoire, superficielle et approximative. »
Dans ce domaine, dont on peut se demander s’il constitue une priorité puisqu’il n’est abordé pour l’essentiel que dans l’avant-dernier point dans cette proclamation, Dalil Boubakeur n’innove guère et tient les habituels propos convenus sur la légitime défense, oubliant au passage à la fois la pratique guerrière de Mahomet et les dizaines de versets du Coran appelant à la guerre, ainsi que ceux précisant comme partager le butin. De façon plus générale, il est quand même très curieux de constater que l’islam est la seule religion suscitant, et de façon aussi régulière, des vocations terroristes : pourquoi ?
Dalil boubakeur nous annonce que « (…) toute forme d’antisémitisme est contraire à l’enseignement du prophète Mohammed lui-même (…) ». Sur quels textes se fonde cette assertion ? On l’ignore.
Pourtant les textes musulmans disent précisément le contraire : il n’y a qu’à ouvrir le Coran ; et jusqu’au hadith fameux et incontesté en islam de Muslim : « D’après Abû Hurayra, l’Envoyé d’Allah a dit : « L’Heure Suprême ne se dressera pas avant que les musulmans ne combattent les juifs. Les musulmans tueront les juifs jusqu’à ce que les rescapés de ces derniers se réfugient derrière les pierres et les arbres qui appelleront alors le musulman en disant : « Ô musulman ! Ô serviteur d’Allah ! Voilà un juif derrière moi, viens le tuer ! », exception faite de l’arbre dit Al-Gharqad qui est l’arbre des juifs. »
Inutile de s’étonner dans ces conditions que l’islam ait de profondes racines antisémites, comme Georges Bensoussan l’a récemment rappelé.
- Islamophobie et islamopsychose
Dalil Boubakeur « s’alarme du fait que l’islamophobie et l’islamopsychose françaises soient de nos jours assurément comparables en gravité à l’antisémitisme français de la fin du XIXe siècle ».
Les tentatives d’assimilation du problème musulman au problème juif sont multiples et constantes : cette ritournelle a en réalité pour objectif de bâillonner tout débat sur la nature de l’islam en affublant tout contradicteur de l’étiquette honteuse et honnie d’« antisémite ».
- La contestation de la laïcité
Comme pour l’antisémitisme, Dalil Boubakeur proclame : « L’existence du fait religieux musulman dans la société française est compatible avec la laïcité. » Sur quoi se fonde cette assertion ? On l’ignore.
Le problème est que toute la conception musulmane est précisément anti-laïque, ce que ne cessent de répéter d’ailleurs les imams du Moyen-Orient, aucun pays musulman n’étant d’ailleurs laïc aujourd’hui.
Si l’islam était laïc, Dalil Boubakeur aurait-il besoin de confesser : « La Grande Mosquée de Paris constate que cette immense majorité des Français de confession musulmane est demandeuse d’un texte de clarification de leurs droits et devoirs dans leur foi. » Qu’il y ait besoin d’une clarification religieuse de la nature de la foi musulmane, certainement, mais en quoi cela a-t-il un quelconque rapport avec les notions de droit et de devoir au regard de l’État ? Car si le propos n’a qu’un caractère uniquement religieux, cela voudrait dire que les musulmans ne comprennent rien à leur religion.
Tout cela est d’une confusion extrême, qui ressort encore plus lorsqu’on lit dans le même texte l’affirmation suivante : « La France n’est pas une terre d’islam (…). Dans ce contexte, tout musulman doit évidemment respecter les valeurs et les lois de la République française. » On peut l’espérer, mais : 1) En quoi la Grande Mosquée de Paris est-elle légitime et crédible pour affirmer que la France ne sera pas un jour considérée comme terre d’islam par les musulmans ? 2) Cela veut-il bien dire a contrario que si la France venait à être considérée un jour comme terre d’islam, les valeurs et lois de la République française n’y auraient alors plus cours ? N’est-ce pas là une forme d’affirmation que l’islam est incompatible par nature avec la France et sa laïcité ?
Dalil Boubakeur déclare « Le saint Coran insiste sur la nécessité de savoir pardonner. » Sur quels textes s’appuie-t-il ? On ne sait pas, et on le comprend d’autant moins quand on le lit le Coran qui regorge de versets de violence ici-bas et dans l’au-delà.
La proclamation s’attaque à l’obscurantisme en islam, que la Grande Mosquée de Paris reconnaît, et il semble qu’il y ait beaucoup à faire. Cette reconnaissance peut surprendre, car si elle est évidente et dénoncée par certains intellectuels musulmans eux-mêmes, elle est inhabituelle dans la bouche des représentants de l’islam de France.
D’abord, on peut s’étonner de l’assertion « L’obscurantisme, le refus de la science, le refus du progrès scientifique, sont des lectures erronées de l’islam ». Qu’a à voir la religion avec la science ? Rien. Sinon, nous aurions déjà parlé avec Dieu, et il n’y aurait qu’une seule religion. Mais que l’islam soit atteint d’un mal qui conduise certains musulmans à penser encore aujourd’hui que l’islam peut avoir raison contre la science, c’est un fait établi dont on trouve effectivement des preuves claires sur internet dans les prêches d’un certain nombre d’imams.
Parmi les marques de l’obscurantisme figure également en bonne place cette tradition abominable consistant à égorger des animaux pour satisfaire un besoin religieux. Les progrès scientifiques ont conduit à ce que l’étourdissement préalable devienne la règle dans bon nombre de pays occidentaux, certains pays européens ayant fini par interdire complètement l’égorgement. Il faut effectivement en finir avec cette pratique superstitieuse, qui révèle aussi une indifférence profonde à la souffrance animale que Dalil Boubakeur est obligé de reconnaître : « La souffrance animale ne saurait être admise par Allah. Il est donc nécessaire de réduire au maximum la souffrance causée à l’animal. » Comme je l’ai déjà montré dans un autre article détaillé, l’absurde de cette situation est que cette recommandation semble bien dater de l’époque de Mahomet. Ainsi, l’attachement actuel au maintien de ce procédé épouvantable n’est pas justifié par la doctrine de l’islam mais est une des multiples formes de cristallisation du communautarisme.
Enfin, on peut mettre au rang des pratiques obscurantistes la prolifération des rituels dont on peut se demander dans quelle mesure ils viennent surtout combler un vide spirituel, et Dalil Boubakeur admet que « Tout musulman doit prendre garde à ne pas verser dans l’observation irréfléchie et obsessionnelle de règles sans finalité spirituelle. » D’ailleurs, le ramadan apparaît être une source de nuisance pour les non-musulmans au point que Dalil Boubakeur est obligé de rappeler que « Durant le mois de Ramadan, (…) il ne faut pas importuner la population, notamment pendant la nuit. » C’est stupéfiant.
- Le maintien des pratiques ancestrales
La Grande Mosquée de Paris affirme, pour rassurer : « (…) les châtiments corporels, la polygamie, ne se justifient plus et n’ont plus lieu d’être. Dans le même esprit, l’égalité entre hommes et femmes s’impose. »
C’est un aveu terrible et qui est une remise en cause fondamentale du Coran : il faut savoir néanmoins que cette position doctrinale n’est partagée par aucune institution de renommée au sein du monde musulman. La polygamie est un droit indubitable établi par le Coran, que même le Maroc a refusé il y a quelques années d’abolir ; seule la Tunisie, a osé l’interdire et cette position est très critiquée dans le monde musulman. Concernant les châtiments corporels, la prestigieuse université Al-Azhar a confirmé il y a également quelques années qu’ils font partie intégrante du socle dogmatique fondamental de l’islam. Quant à l’égalité homme-femme, elle est battue en brèche dans le Coran qui dit précisément le contraire.
Ce texte mal construit, un peu fourre-tout, truffé d’approximations et d’omissions, présente néanmoins l’intérêt de reconnaître un certain nombre de difficultés évidentes quant à la compatibilité de l’islam avec les valeurs de la France. On peut néanmoins s’interroger sur le fait qu’il soit là pour « donner le change » car l’islam de France n’a aucun intérêt objectif à ce mea culpa : c’est justifier les critiques qui lui sont faites et prouver son incapacité à résoudre ses propres problèmes.
Face à ce constat accablant, on peut comprendre que l’État soit tenté, pour écarter les risques générés par une telle confusion, de faire quelque chose au travers de la « Fondation pour l’islam de France », présidée par Jean-Pierre Chevènement. Mais il est assez savoureux que Dalil Boubakeur ait fini par en claquer la porte et maintenant « condamne la tendance actuelle à vouloir désigner des autorités de tutelle, n’étant pas de confession musulmane, aux fins d’encadrer avec paternalisme l’expression du fait religieux musulman dans la société française : ceci, au mépris de la liberté religieuse et de la séparation des églises et de l’État. »