L’excellente émission « Arrêt sur images » vient de nous fournir encore (janvier 2016) une nouvelle excellente illustration de l’incapacité à reconnaître des faits – voire la capacité à les nier – de la part de représentants de la gauche « intellectuelle », qui se pense seule porteuse des idéaux de progrès.
À l’occasion d’un débat tout à fait intéressant sur le rôle de la sociologie s’est naturellement posée la question de la nature des méfaits massifs (agressions sexuelles, viols) commis lors de la nuit de la Saint Sylvestre par des migrants ou des immigrés en Allemagne (notamment à Cologne), débat plus général qui concerne également d’autres situations dans d’autres pays (ex. Suède).
On sait avec quelles difficultés ont fini par filtrer les informations relatives à ces événements. Nul doute que si les réseaux sociaux n’existaient pas, les gouvernements réussiraient à étouffer ces affaires embarrassantes et qui contredisent tous les messages gouvernementaux dont les Européens sont bombardés. Bien entendu, il convient d’être attentif aux résultats des enquêtes mais il est certain que le caractère massif et récent de ce type d’agressions coïncide curieusement dans le temps et l’espace avec la présence nouvelle de populations d’origine étrangère à l’échelle de valeurs, à l’évidence, très différente.
Comme il s’agissait pour les intervenants invités sur le plateau d’éviter à tout prix, non pas même la stigmatisation des migrants et des immigrés, mais tout simplement leur simple évocation – l’homme étant sans doute naturellement bon et perverti par la société comme nous l’a enseigné le néfaste Rousseau –, ceux-ci ont oscillé entre le déni de réalité pur et simple, et l’absurdité d’incompétence. Voici quelques extraits vidéo pour en juger :
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Analysons la position de chaque invité :
- Claire Serre-Combe, présidente et porte-parole d’« Osez le féminisme »
« Il faut contextualiser » : propos vide de sens.
« La fachosphère a monté une polémique sur l’accueil des migrants, etc. » : sans doute aurait-il fallu des meurtres ?
« Marine Le Pen se trompe complètement en associant les agressions de Cologne aux Syriens car les chiffres démontrent, de prime abord, que les principaux agresseurs seraient issus du Maghreb » : cette dame ne sait visiblement pas de quoi elle parle puisque Daniel Schneidermann et Justine lui fournissent des éléments factuels complètement opposés.
« Les syriens qui sont le problème pointé » : propos absurde qui ne laisse pas de faire réagir Daniel Schneidermann : Syriens, maghrébins ou autres immigrés : « qu’est-ce que ça change ? » Réponse : « La solution au problème n’est pas la même et cela évite toute récupération raciste » : qu’est-ce que cela veut dire ?
« C’est le discours du Front National de taper sur les immigrés » : ce n’est pas le sujet : il s’agit de savoir si, oui ou non, les agressions massives ont été commises par des migrants ou autres immigrés, quelles que soient les opinions politiques qu’on peut avoir.
« Les violences faites aux femmes se déroulent tous les jours… » : tentative pitoyable de déplacer le sujet sur un autre terrain. Daniel Schneidermann est tellement stupéfait par cette tentative d’évitement qu’il revient à la charge.
« Un système de domination masculine » : merveilleux ! Il n’y a plus de problème de migrants et d’immigrés mais seulement une question sociologique qui touche toute la gent masculine.
Cette dame compare ensuite les événements de Cologne avec ce qui se passerait – selon elle – régulièrement à Bayonne : là, Daniel Schneidermann (pourtant ancien du Monde) n’en croit pas ses oreilles, et démontre avec Justine par des éléments absolument précis l’inanité du propos tenu par cette intervenante. Il en éberlué : « Nous ne sommes pas du tout dans le même phénomène, me semble-t-il [prononcé avec insistance] »
Reste la pure mauvaise foi : l’ampleur des événements de Cologne ne serait dû qu’au fait d’une dénonciation plus massive par les femmes des agressions qu’à l’habitude. Le problème n’est que celui, général, de « la violence faite aux femmes ».
La persévérance de Daniel Schneidermann (« j’insiste ») nous fait enfin toucher le but : la jeune femme s’enferme dans un déni de réalité, jusqu’à finalement révéler le motif caché de cette résistance : « Vous voulez m’entraîner sur le terrain de la nationalité des agresseurs ? », ce qui, en l’occurrence est un propos parfaitement détestable et une attitude malhonnête, comme si Daniel Schneidermann lui tendait un piège.
- Geoffroy de Lagasnerie, sociologue
Cela démarre plutôt bien que ce jeune homme reconnaît la « tendance dans la gauche critique ou dans la gauche radicale à dire : ah ! mais c’est pareil dans la bourgeoisie, c’est pareil chez les blancs, et donc à pas vouloir aborder la spécificité du type de violence que peuvent exercer ces populations. Mais être de gauche, c’est aussi affronter la réalité ». « Il faut penser une spécificité de ce qui s’est passé en Allemagne ».
Le problème, c’est que ce jeune sociologue, qui ne connaît visiblement absolument rien à l’islam et aux règles touchant à la sexualité dans l’islam (ex. interdit de la fornication), s’embarque dans des explications toutes aussi plus fumeuses et hilarantes les unes que les autres car « il faut désexualiser ce qui s’est passé ». La violence sexuelle s’expliquerait ainsi :
« Ils n’ont pas de logement pour avoir un rapport sexuel » ; « ils n’ont pas d’argent pour draguer, aller au café et faire une rencontre, s’habiller, se laver ».
L’absurdité de ces propos fait réagir Justine (Arrêt sur Images) qui cite le cas de la place Tahrir (Égypte) où les agresseurs étaient dans leur ville et donc chez eux. Ce qui arrache à ce jeune sociologue ce pathétique commentaire : « la frustration sexuelle en Égypte, c’est un des problèmes majeurs de toute façon… » : oh ! Grandeur de la sociologie !
- Alain Bertho, anthropologue
On se demande à quoi ont servi à cet anthropologue toutes ses années d’étude pour en arriver à des analyses aussi inexistantes. Certes on ne sait pas grand-chose et des vérifications s’imposent mais quand on a aucune piste d’analyse à proposer, il vaut mieux se taire plutôt que d’égrener les brèves de comptoir : « Il y a une spécificité : notre problème, c’est qu’on ne la connaît pas ». « Nous n’arrivons pas à identifier le phénomène ». « Dans une situation historique, on a une montée générale de la violence »
Et à propos du rapprochement entre Cologne et la place Tahrir : « on est dans des situations collectives, dans une situation générale de tension et de violence [bafouillement] non pas ethnique, mais je dirais de violence entre des populations différentes, et ça c’est à l’échelle du monde. » : toujours cette obsession de ne pas vouloir appeler un chat un chat.
- Conclusion
La sociologie est visiblement de gauche, c’est-à-dire de ceux qui pensent comme il faut. Contre la mauvaise pensée, issue d’une réalité qui ne devrait pas être ce qu’elle est, tous les moyens sont bons : il ne semble y avoir aucune limite à la mauvaise foi.